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En 1530, le roi du Cambodge s’empara de la ville siamoise de Prachim, et en fit les habitants captifs. Mais, deux ans après, le roi de Siam Phra Maha Chakra entra avec une armée dans le Cambodge et força Ang Chan à lui livrer ses fils en otage. L’un d’eux fut fait par le vainqueur roi de Sangkhalok. Ang Chan ne tarda pas à réparer cet échec ; en 1540, il vainquit les Siamois aux environs d’Angcor ; en 1557, profitant de la guerre que le roi du Pegou faisait à Siam, il ravagea ce royaume, et mit le siège, mais sans succès, devant Ayuthia ; il s’en vengea en pillant la ville de Chantaboury, dont il emmena les habitants en esclavage ; en 1560, il envoya une armée, sous les ordres d’un général chinois, nommé Chantu, mettre le siège devant Petchaboury ; mais Chantu se


vue de pnom penh.


laissa séduire par les offres du roi de Siam et trahit le roi du Cambodge. Celui-ci fit, en 1562, une nouvelle incursion dans le royaume de Siam[1], s’empara de Petchaboury et d’un grand nombre de captifs ; l’année suivante, une autre tentative d’invasion fut repoussée avec perte par Phra Chao Naret, fils du roi de Siam et gouverneur de Phitsanoulok, et le roi du Cambodge cessa, à partir de ce moment, toute hostilité contre le royaume de Siam.

Ang Chan termina en 1566, à l’âge de 81 ans, son long et glorieux règne. Sous ce prince, en 1553, les premiers missionnaires catholiques pénétrèrent au Cambodge ; ils étaient portugais et se nommaient Luis Cardoso et Juan Madeira. Ils furent suivis en 1560 par Gaspard da Cruz[2]. Le commerce, pendant cette période, commença à reprendre beaucoup d’activité ; c’était par l’embouchure du fleuve postérieur qu’entraient et sortaient

  1. Chinese repository, t. V, p. 107-8, t. VI, p. 269-70.
  2. Ce religieux s’étend longuement pour justifier son court séjour dans ce royaume, qu’il dit tributaire du roi de Siam, sur les causes qui empêchent la conversion des Cambodgiens. Un siècle plus tard, le P. Chevreuil constate au Cambodge les mêmes difficultés et la même ferveur bouddhique. Cf. Tractado da China (sans pagination), Evora 1569, cap. I, et Relation des missions des évêques français. Paris, 1674, p. 142.