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delta du Cambodge ont acquise sous la domination française. Mais à Khong comme à Stung Treng, nous avons recueilli de la part des commerçants chinois les mêmes plaintes sur les exigences et les rigueurs de la douane cambodgienne de Pnom Penh.

Dans le sud de l’île de Khong, M. de Lagrée a trouvé quelques vestiges peu importants, mais non méconnaissables, de constructions khmers. Le pays, plus accidenté, plus pittoresque que la monotone et plate étendue que nous avions traversée jusque-là, invitait, malgré les pluies, aux excursions et aux promenades. Vis-à-vis de notre campement, sur la rive gauche du fleuve, s’élevaient une série de hauteurs boisées qui nous paraissaient de véritables montagnes, habitués que nous étions aux plaines sans limites de la Cochinchine et du Cambodge. La complaisance des habitants dont nous commencions à balbutier un peu la langue rendait nos déplacements plus faciles : nous nous sentions plus libres dans nos mouvements, plus indépendants qu’au début du voyage, et chacun mettait plus d’activité et plus de plaisir à ses recherches.

On se rappelle sans doute qu’avant de nous engager définitivement dans la partie su-


campement de la commission française à khong.


périeure de la vallée du fleuve, nous devions recevoir du gouverneur de la colonie des passe-ports et des instruments qui nous manquaient encore. Il fallait choisir un point de stationnement commode et agréable pour attendre le retour de la saison sèche au commencement de laquelle on devait expédier de Pnom Penh les objets attendus. M. de Lagrée avait hésité un instant entre Khong et Bassac, chef-lieu de la province qui confine immédiatement au nord la province de Khong, et qui se trouve sur le fleuve à un peu plus de vingt lieues de ce dernier point. Après quelques jours passés à Khong, il fixa son choix sur Bassac, dont l’importance politique lui parut plus grande et où il devait lui être plus facile d’obtenir les renseignements sur le haut du fleuve, nécessaires à la continuation du voyage.

Le 6 septembre, nous nous remîmes donc en route pour cette nouvelle destination. Au-dessus de l’île de Khong, le fleuve réunit toutes ses eaux en un seul bras et n’occupe plus qu’une largeur de 12 à 1500 mètres : son lit se trouve subitement dé-