Page:Louis Delaporte - Voyage d'exploration en Indo-Chine, tome 1.djvu/334

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
293
LES RUINES DE VIEN CHAN.


VUE DES MONTAGNES EN FACE DE MUONG MAI.


XIII

DE VIEN CHAN À LUANG PRABANG. — XIENG CANG OU MUONG MAI. — RENCONTRE D’UN VOYAGEUR EUROPÉEN. — PAK LAY. — LES SAUVAGES KHMOUS. — ARRIVÉE À LUANG PRABANG.


Quelques milles au-dessus de Vien Chan, le Mékong s’encaisse définitivement entre deux rangées de collines qui resserrent et dominent son lit de toutes parts. Ses eaux, qui, jusque-là, s’étaient paisiblement déroulées, en formant de capricieux méandres, sur le vaste plateau du Laos central, accélèrent leur course et bouillonnent au milieu des roches. Le noble fleuve, qui comptait parfois sa largeur par kilomètres, endigué maintenant entre deux barrières dont l’élévation va sans cesse en augmentant, se trouve contenu tout entier dans un fossé qui atteint rarement 5 à 600 mètres de largeur, et dont il ne réussit jamais à sortir. Aux eaux basses, il n’occupe même plus qu’une fraction minime de cet espace, et son lit ne présente au regard qu’une surface rocheuse inégale et tourmentée, mosaïque grandiose où l’on rencontre des échantillons de toutes les formations métamorphiques, marbres, schistes, serpentines, jades même, curieusement colorés et quelquefois admirablement polis. Au centre, une étroite fissure, sorte de canal dont la largeur se réduit parfois à 40 mètres, mais dont la profondeur en atteint plus de 100, renferme toutes les eaux du fleuve, qui y coule impétueux entre deux murailles de roches complètement à pic. À de rares interruptions près, tel est l’aspect que devait nous offrir le Mékong jusqu’au point où nous allions être obligés de quitter ses rives, aspect auquel nous avait déjà préparés la partie de son cours comprise entre Pak Moun et Kémarat.

Le soir même de notre départ de Vien Chan, nous arrivâmes au pied des collines