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DE XIENG HONG À YUN-NAN.

dans la ville qu’un très-petit nombre de soldats, et les remparts étaient complètement désarmés. Seules, deux pièces de canon, l’une en bronze et l’autre en fonte, allongeaient leur long cou à l’une des portes. Les remparts sont construits en briques sur un soubassement en marbre ; ils ont 5 à 6 mètres de hauteur sur une épaisseur de 3 mètres ; ils sont crénelés, et de 50 en 50 mètres, il y a sur la banquette un abri en pierre pour les sentinelles. Sur la banquette sont entassées des pierres destinées à être jetées à la tête des assiégeants ; comme à Se-mao, on réparait le fossé. Les portes est et ouest ont un bastion extérieur avec porte sur le côté. La forme générale de l’enceinte est rectangulaire ; elle offre un développement total d’environ deux kilomètres[1].


FOURNEAUX DES SALINES.

Pou-eul n’a aucune importance au point de vue commercial. Cette ville a donné son nom à un thé très-estimé que l’on récolte dans la partie supérieure de la vallée du Nam-Hou et sur les frontières sud du Yun-nan. Il est roulé en cercles que l’on superpose de façon à en former des cylindres. Ce thé passait avant la guerre par cette ville pour aller à dos d’homme, par la route de Ta-ly, gagner la partie navigable du fleuve Bleu. D’après le Périple d’Arrien, ce commerce existait déjà il y a seize siècles, et il était fait par une tribu particulière, appelé les Sesatæ ou les Basadæ[2]. Autour de la plaine de Pou-eul, surgissent des montagnes calcaires, bizarrement déchiquetées ; quelques tombeaux, quelques tourelles, couronnent les sommets les plus voisins de la ville. Tout est en marbre, jusqu’aux ponts des routes, mais tout est en ruines. Il y a un petit lac dans le nord-est de la ville.

  1. Voy. Atlas, 2e partie, pl. XXXIV, la vue de Pou-eul.
  2. Voy. Wilford, Asiatic Researches, t. IX, p. 60, et t. VII, p. 466.