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nables rangées de cercles ou de niches dans l’intérieur desquels sont figurés des rosaces ou des personnages en mouvement. Lorsque la colonne a une position spéciale et importante ; par exemple : lorsqu’elle est engagée comme pilastre dans les côtés d’une porte, l’ornementation du fût prend de plus grandes proportions. Le dessin s’agrandit, le ciseau fouille plus profondément la pierre et se complaît en d’admirables arabesques où s’entremêlent les rinceaux, les rosaces, les figures d’animaux et les personnages légendaires. Quoique le temps ait émoussé toutes les arêtes vives et amoindri la délicatesse de ces sculptures, on peut juger encore par ce qui en reste de ce qu’elles devaient être aux premiers jours, et l’on conçoit la plus haute idée de l’habileté et du goût parfait des ouvriers artistes qui les ont exécutées.

Les colonnes carrées sont encore employées aux péristyles des édifices, dans certains porches avancés, en groupes de deux ou de quatre réunies au sommet par des blocs traversiers formant architrave, et surmontés par des massifs ou frontons sculptés.

Comme nous l’avons dit plus haut, les colonnes rondes servent surtout de motifs d’ornementation et rarement de supports véritables. Les terrasses ou belvéders que l’on rencontre, soit isolés, soit à l’entrée des édifices, en comportent ordinairement sur tout leur pourtour. Ces colonnes soutiennent alors une sorte de corniche formant préceinte et surplombant de 80 centimètres environ. Elles ne se détachent qu’à très-petite distance de la paroi verticale de la terrasse qui est ornée dans ce cas de moulures horizontales. On trouve aussi des colonnes rondes disposées d’une façon semblable sous les bas-côtés des galeries, quand celles-ci traversent des cours intérieures au-dessus desquelles elles ont un fort relief. La hauteur des colonnes rondes ne dépasse jamais 2m,50 et est souvent beaucoup moindre. Elles sont entaillées quelquefois, comme à Angcor Wat, dans le sens vertical, de huit profondes cannelures qui leur donnent l’apparence de faisceaux. La base et le chapiteau sont toujours exactement semblables et d’un diamètre un peu plus considérable que le fût auquel ils se raccordent par une série de gorges et de moulures sculptées. Le fût conserve le même diamètre sur toute sa hauteur.

Chaussées, Terrasses[1]. — Comme élément important de l’architecture cambodgienne, il faut signaler aussi les chaussées destinées à mettre en communication les différentes parties des édifices et à en préparer l’accès. D’un fort relief au-dessus du sol, ces chaussées sont toujours dallées et revêtues latéralement d’un parement en grès, avec moulures horizontales. Des serpents à tête multiple ou des lions y sont placés de distance en distance, ainsi qu’à l’entrée des escaliers qui y conduisent. Les chaussées s’étoilent souvent sur leur parcours ou à leurs extrémités en petites terrasses et supportent quelquefois des belvéders en forme de croix, comme à Méléa et à Angcor Wat. Les terres nécessaires aux remblais des chaussées proviennent, soit des fossés entourant l’édifice, soit des pièces d’eau que l’on trouve toujours dans l’intérieur de son enceinte.

Principaux motifs d’ornementation[2]. — En outre de l’ensemble décoratif que constituent ces colonnades, ces terrasses, ces animaux de pierre, les sculptures qui ornent les

  1. Voy. Atlas, 1re partie, planche XV.
  2. Voir l’Atlas, 1re partie, planches XVIII et XIX