Aller au contenu

Page:Louis Dubois - Histoire de l'abbaye de Morimond (1852).pdf/55

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 2 —

sur le passage des barbares[1] et comme une avant-garde du christianisme vers les forêts de la Germanie.

Bientôt sur cette terre bénie se développèrent toutes les plus belles institutions du catholicisme : à la suite de plusieurs saints pontifes, tels saint Didier, saint Urbain, saint Grégoire, etc., une foule d’âmes d’élite s’essayèrent dans les voies les plus élevées du mysticisme, et s’envolèrent, semblables à de chastes colombes, dans les vallons solitaires, dans les forêts silencieuses, afin d’y chercher le lieu de leur repos, et de continuer, pour l’exemple et le salut du monde, la vie de fraternité, d’égalité et de communauté volontaire des premiers jours du christianisme.

Ainsi l’Église est constituée : pour marcher à travers les peuples, les sanctifier et les civiliser, il faut qu’elle ait à sa prêtre et à sa gauche un moine ; le second appui lui est presque aussi nécessaire que le et, lorsqu’elle en est privée, elle ne peut plus que se traîner péniblement : son action est entravée ; c’est l’action d’un corps auquel il manque un membre. Aussi Dieu, qui voulait opérer de grandes choses par l’église de Langres, y souffla de bonne heure l’esprit monastique.

Dès l’an 440, lorsque Clodion régnait sur les Francs et Gondioc sur les Burgundes, saint Hilaire et Quiète son épouse, tous deux de l’ordre sénatorial, firent construire l’abbaye de Réome (Moutier-Saint-Jean), à peu de distance des murs croulants de la vieille Alize, ce grand tombeau du druidisme et de ses derniers défenseurs, en faveur de Jean leur fils qui en fut le premier abbé, avec la règle de saint Macaire , et l’on vit les

  1. Ce fut sous les murs de Langres que Constance-Chlore vers l’an 301, arrêta 60,000 Germains et les mit en déroute. — Eutrop., Hist. Rom., 1. 9 ; — Eumen., Panégyr. ad Const., c. 21.