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Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 1, Plon 1865.djvu/146

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marchandises de toute sorte. Des vaisseaux voguant sur la mer Érythrée étaient en communication, par des canaux, avec le littoral méditerranéen. Le grand commerce de la Phénicie avec l’Espagne et l’Occident avait cessé, mais la navigation de l’Euphrate et du Tigre le remplaçait pour le transport des produits, soit étrangers, soit fabriqués dans la Syrie même, et envoyés en Asie Mineure, en Grèce ou en Égypte. L’empire des Séleucides offrait le spectacle de l’ancienne civilisation, de l’ancien luxe de Ninive et de Babylone, transformés par le génie grec.


Égypte.

XVI. L’Égypte, qu’Hérodote appelle un présent du Nil, n’égalait pas en superficie le quart de l’empire des Séleucides, mais elle formait une puissance bien plus compacte. Sa civilisation remontait au delà de trois mille ans. Les sciences, les arts, y florissaient déjà quand l’Asie Mineure, la Grèce, l’Italie, étaient encore dans la barbarie. La fertilité de la vallée du Nil avait permis à une population nombreuse de s’y développer, à tel point que, sous Amasis II, contemporain de Servius Tullius, on y comptait vingt mille cités[1]. L’administration habile des premiers Lagides accrut considérablement les ressources du pays. Sous Ptolémée II, les revenus annuels s’élevaient à 14 800 talents (86 150 800 fr.) et à 1 million et demi d’artabes[2] de blé[3]. En dehors des revenus égyptiens, les impôts levés dans les possessions étrangères atteignaient le chiffre d’à peu près 10 000 talents par an. La Cœlésyrie, la Phénicie et la Judée, avec la province de Samarie, rapportaient annuellement à Ptolémée Évergète 8 000 talents (46 millions et demi)[4]. Une seule

  1. Hérodote, II, clxxvii. — Diodore de Sicile, I, xxxi.
  2. Mesure assez grande pour en faire trente pains. (Franz, Corpus inscript. græcarum, III, 303. — Polybe, V, lxxix.)
  3. Böckh, Staatshaushaltung der Athener, I, xiv, 15.
  4. Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, XII, iv.