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sujétion[1]. C’est surtout après Alexandre que la marine égyptienne prit une grande extension.


Cyrénaïque.

XVII. Séparant l’Égypte des possessions de Carthage, la Cyrénaïque (régence de Tripoli), jadis colonisée par les Grecs et indépendante, était tombée aux mains du premier des Ptolémées. Elle possédait des villes commerçantes et riches, des plaines fertiles ; la culture s’étendait même jusque sur les montagnes[2] ; le vin, l’huile, les dattes, le safran et diverses plantes, telles que le silphium (laserpitium)[3], faisaient l’objet d’un trafic considérable[4]. Les chevaux de la Cyrénaïque, qui avaient toute la légèreté des chevaux arabes, étaient recherchés jusque dans la Grèce[5], et les habitants de Cyrène ne purent faire de plus beau présent à Alexandre que de lui envoyer trois cents de leurs coursiers[6]. Cependant les révolutions politiques avaient déjà porté atteinte à

  1. Théocrite, Idylle XVII, vers 90-102. — Athénée (V, xxxvi, 284) et Appien (Préface, § 10) donnent le détail de cette flotte. — Ptolémée IV Philopator fit construire jusqu’à un navire de quarante rangs de rameurs, qui avait 280 coudées de long et 80 de large. (Athénée, V, xxxvii, 285.)
  2. Hérodote, IV, cxcix. Le plateau de Barca, aujourd’hui désert, était alors cultivé et bien arrosé.
  3. L’objet le plus important du commerce de la Cyrénaïque était le silphium, plante dont la racine se vendait au poids de l’argent. On en extrayait une espèce de gomme laiteuse qui servait de panacée aux pharmaciens et d’assaisonnement à la cuisine. Lorsque, en 658, la Cyrénaïque fut incorporée à la République romaine, la province payait son tribut annuel en silphium. Trente livres de ce suc, apportées à Rome en 667, étaient regardées comme une merveille ; et, lorsque César, au commencement de la guerre civile, s’empara du trésor publie, il trouva dans la caisse de l’État 1 500 livres de silphium enfermées avec l’or et l’argent. (Pline, XIX, xl.)
  4. Diodore de Sicile, III, xlix. — Hérodote, IV, clxix. — Athénée, XV, xxix, 487 ; xxxviii, 514. — Strabon, XVII, iii, 712. — Pline, Histoire naturelle, XVI, xxxiii, 143 ; XIX, iii, 38-45.
  5. Pindare, Pythiques, IV, ii. — Athénée, III, lviii, 392.
  6. Diodore de Sicile, XVII, xlix.