Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 1, Plon 1865.djvu/150

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l’antique prospérité de ce pays[1], qui constituait auparavant par sa navigation, son commerce et ses arts, peut-être la plus belle des colonies fondées par les Grecs.


Chypre.

XVIII. Les îles nombreuses de la Méditerranée jouissaient d’une égale prospérité. Chypre, colonisée par les Phéniciens, puis par les Grecs, passée ensuite sous la domination des Égyptiens, avait une population qui gardait, de sa première patrie, l’amour du commerce et des voyages lointains. Presque toutes ses villes étaient situées sur les bords de la mer et munies d’excellents ports. Ptolémée Soter y entretenait une armée de 30 000 Égyptiens[2]. Aucun pays n’était plus riche en bois de construction. Sa fertilité passait pour supérieure à celle de l’Égypte[3]. Aux produits agricoles venaient se joindre les pierres précieuses, les mines de cuivre, exploitées depuis longtemps[4], et si abondantes, que ce métal tira son nom de l’île même (Cuprum). On voyait à Chypre de nombreux sanctuaires, notamment le temple de Vénus à Paphos, qui comptait cent autels[5].


Crète.

XIX. La Crète, peuplée de races diverses, avait atteint dès l’âge héroïque une grande célébrité ; Homère chantait ses cent villes, mais elle était déchue depuis plusieurs siècles. Sans commerce, sans marine régulière, sans agriculture, elle n’avait plus guère de produits que ses fruits et ses bois, et la stérilité qu’on remarque aujourd’hui commençait déjà. Cependant tout porte à croire qu’à l’époque de la conquête

  1. Aristote, Politique, VII, ii, § 10.
  2. Josèphe, Antiquités judaïques, XIII, xii, 2, 3.
  3. Élien, Histoire des animaux, V, lvi. — Eustathe, Comment. sur Denys le Périégète, 508. 198, éd. Bernhardy.
  4. Strabon, XIV, vi, 583. — Pline, Histoire naturelle, XXXIV, ii, iv, 94.
  5. Virgile, Énéide, I, 415. — Stace, Thébaïde, V, 61.