Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 1, Plon 1865.djvu/159

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d’elles ne devînt le point d’appui d’une révolte. Aussi deux cents villes se livrèrent-elles sans résistance à Agathocle, dès qu’il parut en Afrique. Rome, au contraire, entourait de remparts ses colonies, et les murailles de Plaisance, de Spolète, de Casilinum, de Nola, contribuèrent à arrêter Annibal.

La ville de Romulus était alors dans toute la vigueur de la jeunesse, tandis que Carthage était arrivée à ce degré de corruption où les États ne sont capables de supporter ni les abus qui les énervent, ni le remède qui les régénérerait.

À Nome donc appartenait l’avenir. D’un côté, un peuple de soldats, contenu par la discipline, la religion, la pureté des mœurs, animé de l’amour de la patrie, entouré d’alliés dévoués ; de l’autre, un peuple de marchands avec des mœurs dissolues, des mercenaires indociles et des sujets mécontents.


Première guerre punique (490-513).

II. Ces deux puissances, d’une ambition égale, mais d’un esprit si opposé, ne pouvaient rester longtemps en présence sans se disputer la domination du riche bassin de la Méditerranée. La Sicile surtout devait exciter leur convoitise. La possession de cette île était alors partagée entre Hiéron, tyran de Syracuse, les Carthaginois et les Mamertins. Ces derniers, issus d’aventuriers anciens mercenaires d’Agathocle, venus d’Italie en 490, et établis à Messine, se mirent à guerroyer contre les Syracusains. Ils sollicitèrent d’abord l’assistance des Carthaginois et leur livrèrent l’acropole de Messine pour prix de la protection qu’ils en obtinrent ; bientôt, dégoûtés d’alliés trop exigeants, ils envoyèrent demander des secours à Rome au nom d’une commune nationalité, car la plupart se disaient Italiotes, par conséquent alliés de la République ; quelques-uns même étaient ou se prétendaient Romains[1].

  1. Polybe, I, vii, xi.