Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 1, Plon 1865.djvu/160

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Le sénat hésitait : l’opinion publique l’emporta, et, malgré le peu d’intérêt qu’inspiraient les Mamertins, la guerre fut décidée. Un corps de troupes, envoyé sans retard à Messine, en chassa les Carthaginois. Peu après, une armée consulaire passait le détroit, battait les Syracusains d’abord, puis les Carthaginois, et s’établissait militairement dans l’île. Tel fut le commencement de la première guerre punique.

Diverses circonstances favorisèrent les Romains. Les Carthaginois s’étaient rendus odieux aux Grecs siciliens. Les villes encore indépendantes, comparant la discipline des légions aux excès de tous genres qui avaient signalé le passage des mercenaires d’Agathocle, de Pyrrhus et des généraux carthaginois, accueillirent les consuls comme des libérateurs. Hiéron, maître de Syracuse, première ville de la Sicile, n’eut pas plutôt éprouvé la puissance des armes romaines qu’il prévit l’issue de la lutte et se déclara pour le plus fort. Son alliance, maintenue fidèlement pendant cinquante ans, fut d’une grande utilité à la République[1]. Avec son appui, les Romains, au bout de la troisième année de guerre, s’étaient emparés d’Agrigente et de la plupart des villes de l’intérieur ; mais les flottes des Carthaginois restaient maîtresses, de la mer et des places du littoral.

Les Romains manquaient de marine militaire[2]. Ils pouvaient, sans doute, se procurer des bâtiments de transport, ou, par leurs alliés (socii navales), quelques trirèmes[3] ;

  1. Polybe, I, xvi. — Zonare, VIII, 16 et suiv.
  2. Nous avons vu, page 70, que Rome, après la prise d’Antium (Porto d’Anzo), avait déjà une marine, mais elle n’avait pas de galères à trois rangs ou à cinq rangs de rames. Rien de plus vraisemblable alors que le récit de Tite-Live, qui avance que les Romains prirent pour modèle une quinquérème carthaginoise naufragée sur leurs côtes. Malgré l’état avancé de la science, nous n’avons pu retrouver qu’imparfaitement la construction des anciennes galères, et, encore aujourd’hui, le problème ne serait complètement résolu que si le hasard nous offrait un modèle.
  3. Les Romains employèrent les trirèmes de Tarente, de Locres, d’Élée et