Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 1, Plon 1865.djvu/164

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les Lucaniens, qui s’étaient déclarés pour Pyrrhus, ni les villes grecques du sud de la Péninsule, ne montrèrent de dispositions à la révolte. Les Gaulois cisalpins, naguère si remuants, et que nous verrons bientôt reprendre les armes, demeurèrent immobiles. Les mouvements qui éclatèrent sur la fin de la guerre punique parmi les Salentins et les Falisques furent sans importance et ne paraissent pas se rattacher à la grande lutte entre Rome et Carthage[1].

Cette résistance à toute tentative d’insurrection prouve que le gouvernement de la République était équitable, et qu’il avait donné satisfaction aux vaincus. Nulle plainte ne se fit entendre, même après de grands désastres ; et cependant les calamités de la guerre pesaient cruellement sur les laboureurs, sans cesse obligés de quitter leurs champs pour combler les vides faits dans les légions. À l’intérieur le sénat avait pour lui un grand prestige, et à l’extérieur il jouissait alors d’une réputation de bonne foi qui lui assurait des alliances sincères.

La première guerre punique exerça sur les mœurs une influence remarquable. Jusqu’alors les Romains n’avaient pas entretenu de rapports suivis avec les Grecs. La conquête de la Sicile rendit les relations nombreuses et actives, et bientôt se fit sentir ce que la civilisation hellénique renfermait à la fois d’utile et de pernicieux.

Les idées religieuses des deux peuples étaient différentes, bien que le paganisme romain eût de grands rapports avec le paganisme de la Grèce. Celle-ci avait des philosophes, des sophistes, des libres penseurs. À Rome, rien de semblable ; les croyances y étaient profondes, naïves et sincères ; d’ailleurs, dès une époque très-reculée, le gouvernement avait subordonné la religion à la politique, et s’était appliqué à lui donner une direction avantageuse à l’État.

  1. Tite-Live, Epitome, XIX.