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Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 1, Plon 1865.djvu/165

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Les Grecs de Sicile introduisirent à Rome deux sectes de philosophie dont les germes se développèrent plus tard, et qui avaient peut-être plus de rapport avec les instincts des initiés qu’avec ceux des initiateurs. Le stoïcisme fortifia la pratique des vertus civiques, mais sans modifier leur antique rudesse ; l’épicurisme, bien plus répandu, ne tarda pas à précipiter la nation à la recherche des jouissances matérielles. L’une et l’autre secte, en inspirant le mépris de la mort, donnèrent une puissance terrible au peuple qui les adopta.

La guerre avait épuisé les finances de Carthage. Les mercenaires, qu’elle ne pouvait payer, se révoltèrent à la fois en Afrique et en Sardaigne. Ils ne furent vaincus que par le génie d’Amilcar. Dans cette île, les excès des révoltés avaient soulevé les habitants, qui parvinrent à les chasser du pays. Les Romains ne laissèrent pas échapper cette occasion d’intervenir, et, comme précédemment pour les Mamertins, le sénat, selon toute apparence, prétexta qu’il y avait des Italiotes parmi les mercenaires de Sardaigne. L’île fut prise, et les vainqueurs imposèrent une nouvelle contribution à Carthage, qui avait capturé quelques vaisseaux marchands naviguant dans ces parages, abus scandaleux de la force, que Polybe a hautement flétri[1]. Réduits à l’impuissance par la perte de leur marine, par la révolte de leur armée, les Carthaginois subirent les conditions du plus fort. Ils étaient sortis de Sicile sans y laisser de regrets ; il n’en fut pas de même en Sardaigne ; leur gouvernement et leur domination y étaient populaires, probablement à cause de la communauté de religion et de l’origine phénicienne de plusieurs villes[2]. Pendant longtemps encore, des rébellions pério-

  1. Polybe, III, x, xxvii, xxviii.
  2. Les Sardes devaient leur civilisation aux Phéniciens ; les Siciliens avaient reçu la leur des Grecs. Cette différence explique l’attachement des premiers pour Carthage et la répulsion des autres pour la domination punique.