Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 1, Plon 1865.djvu/166

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diques témoignèrent de l’affection des Sardes pour leurs anciens maîtres. Vers la même époque, les Romains s’emparèrent de la Corse, et, de 516 à 518, repoussèrent les Ligures et les tribus gauloises avec lesquelles ils étaient en paix depuis quarante-cinq ans.


Guerre d’Illyrie (525).

III. Tandis que la République protégeait ses frontières du nord contre les Gaulois et les Ligures, et qu’elle combattait en Sardaigne et en Corse l’influence de Carthage, elle entreprenait contre un petit peuple barbare une autre expédition, moins difficile, il est vrai, mais qui devait avoir d’immenses conséquences. La guerre d’Illyrie, en effet, allait ouvrir aux Romains le chemin de la Grèce et celui de l’Asie, soumise aux successeurs d’Alexandre, et où dominait la civilisation grecque. Devenue une grande puissance maritime, Rome avait désormais dans ses attributions la police des mers. Les habitants des côtes orientales de l’Adriatique, adonnés à la piraterie, désolaient le commerce. Plusieurs fois ils avaient poussé leurs déprédations jusqu’en Messénie, et battu des escadres grecques envoyées pour réprimer leurs ravages[1]. Ces pirates appartenaient à la nation illyrienne. Les Grecs les considéraient comme barbares, c’est-à-dire étrangers à la race hellénique ; il est probable pourtant qu’ils avaient avec elle une certaine affinité. Alliés incommodes des rois de Macédoine, souvent ils prenaient les armes pour ou contre eux ; peuplades intrépides, féroces, elles étaient prêtes à vendre leurs services et leur sang à qui voulait les payer, fort semblables, en un mot, aux Albanais d’aujourd’hui, qu’on prétend être leurs descendants, refoulés dans les montagnes par les invasions des Slaves[2].

Le roi des Illyriens était un enfant, et sa mère, Teuta,

  1. Polybe, II, iv, v, x.
  2. Hahn, Albanesische Studien.