Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 1, Plon 1865.djvu/176

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fois il se dirigea vers Naples sans oser l’attaquer ; plus tard il fut obligé d’abandonner les sièges de Nola, de Cumes et de Casilinum[1]. Quoi donc de plus naturel que son hésitation à attaquer Rome, défendue par une population nombreuse, habituée au métier des armes ?

La preuve la plus frappante du génie d’Annibal, c’est d’être resté seize ans en Italie, livré presque à ses seules forces, réduit à ne recruter son armée que parmi ses nouveaux alliés et à subsister à leurs dépens, mal secondé par le sénat de son pays, ayant toujours en face deux armées consulaires, enfin enfermé dans la Péninsule par les flottes romaines, qui en gardaient les côtes pour intercepter les renforts envoyés de Carthage. Sa constante préoccupation fut donc de se rendre maître de quelques points importants du littoral pour communiquer avec l’Afrique. Après Cannes, il occupe Capoue, cherche à gagner la mer par Naples[2], Cumes, Pouzzoles ; ne pouvant y parvenir, il s’empare d’Arpi et de Salapia, sur la côte orientale, où il espère rencontrer les ambassadeurs du roi de Macédoine. Il fait ensuite du Bruttium sa base d’opération, et ses tentatives sont dirigées contre les places maritimes, tantôt contre Brindes et Tarente, tantôt contre Locres et Rhegium.

Toutes les défaites essuyées par les généraux de la République avaient eu pour cause d’abord la supériorité de la cavalerie numide et l’infériorité des soldats latins, levés à la hâte[3], opposés à de vieilles troupes aguerries ; ensuite l’excès d’audace devant un capitaine habile, qui attirait ses adversaires sur le terrain qu’il avait choisi. Cependant

  1. Tite-Live, XXIII, xv et xviii. — Annibal prit par famine les places de Casilinum et de Nucérie ; quant à la citadelle de Tarente, elle résista cinq ans et ne put être forcée. (Tite-Live XXVII, xxv.)
  2. « Annibal descend vers Naples, ayant à cœur de s’assurer une place maritime pour recevoir des secours d’Afrique. » (Tite-Live, XXIII, xv.)
  3. Polybe, III, cvi.