Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 1, Plon 1865.djvu/177

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Annibal, considérablement affaibli par ses victoires, s’écriait après Cannes, comme Pyrrhus après Héraclée, qu’un autre succès semblable amènerait sa ruine[1]. Q. Fabius Maximus, rappelé au pouvoir (539), continua un système de guerre méthodique, tandis que Marcellus, son collègue, plus hardi[2], prit l’offensive et arrêta les progrès de l’ennemi en l’obligeant de se renfermer dans un trapèze, formé au nord par Capoue et Arpi, au sud par Rhegium et Tarente. En 543, toute la guerre s’était concentrée autour de deux places : la citadelle de Tarente, bloquée par les Carthaginois, et Capoue, assiégée par les deux consuls. Ils s’étaient entourés de lignes de contrevallation contre la place et de lignes de circonvallation contre les attaques du dehors. Annibal, ayant échoué dans sa tentative de forcer ces dernières, marcha sur Rome, dans l’espoir de faire lever le siège de Capoue et de diviser les deux armées consulaires, pour les battre séparément en rase campagne. Arrivé sous les murs de la capitale et prévoyant trop de difficultés pour se rendre maître d’une si grande ville, il abandonna ses projets d’offensive, et recula jusqu’aux environs de Rhegium. Son séjour se prolongea plusieurs années, avec des alternatives de revers et de succès, dans le midi de l’Italie, dont la population lui était favorable ; évitant les engagements, s’éloignant peu de la mer, et ne dépassant pas l’extrémité méridionale du Samnium.

En 547, une grande armée, partie d’Espagne et conduite par un de ses frères, Asdrubal, avait traversé les Alpes et s’avançait, pour le rejoindre, en longeant la côte de l’Adriatique. Deux armées consulaires étaient chargées de combattre les Carthaginois : l’une, sous les ordres du consul M. Livius Salinator, dans l’Ombrie ; l’autre, ayant à sa tête le consul C. Claudius Néron, tenait en échec Annibal en

  1. Appien, Guerres d’Annibal, xxvi.
  2. Plutarque, Marcellus, xi et xxxiii.