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Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 1, Plon 1865.djvu/179

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La difficulté des communications directes engagea les Carthaginois à faire passer leurs troupes par l’Espagne et les Alpes, où leurs armées se recrutaient en route, plutôt que de les diriger sur les côtes méridionales de l’Italie. Annibal ne reçut que de faibles renforts[1] ; Tite-Live mentionne deux envois seulement, le premier de 4 000 Numides et 40 éléphants, et le second, amené par Bomilcar, sur la côte du golfe ionien, près de Locres[2]. Tous les autres convois paraissent avoir été interceptés, et l’un des plus considérables, chargé d’approvisionnements et de troupes, fut détruit sur les côtes de Sicile[3].

Il faut admirer la constance des Romains contre des ennemis qui les menaçaient à la fois de tous côtés. En même temps ils contenaient les Gaulois cisalpins et les Étrusques, combattaient le roi de Macédoine, allié d’Annibal, soutenaient en Espagne une guerre acharnée et réprimaient en Sicile les attaques des Syracusains, qui, après la mort de Hiéron, s’étaient déclarés contre la République. Il fallut trois ans pour réduire Syracuse, défendue par Archimède.

    d’Utique. L’effectif de l’armée navale paraît n’avoir pas varié jusqu’en 543, époque à laquelle la Grèce nécessitait encore la présence de 50 bâtiments romains, et la Sicile, de 100. (Tite-Live, XXVI, i.) En 544, 20 vaisseaux stationnaient dans les eaux de Rhegium pour assurer les arrivages de vivres entre la Sicile et la garnison de Tarente. (Tite-Live, XXVI, xxxix.) En 545, 30 voiles sont détachées de la flotte de Sicile pour croiser devant cette ville. (Tite-Live, XXVII, vii.) En 546, Carthage préparait un armement formidable de 200 voiles (Tite-Live, XXVII, xxii) ; Rome lui oppose 280 navires : 30 défendent la côte d’Espagne, 50 gardent la Sardaigne, 50 les bouches du Tibre, 50 la Macédoine, 100 stationnent en Sicile, prêts à opérer une descente en Afrique, et la flotte carthaginoise est battue devant Clupée. (Tite-Live, XXVII, xxix.) Enfin, en 547, une seconde victoire de Valerius Lævinus rend la mer complètement libre. (Tite-Live, XXVIII, iv.)

  1. « Les Carthaginois, uniquement préoccupés de se maintenir en Espagne, n’envoyaient à Annibal aucun secours, comme s’il n’avait eu que des succès en Italie. » (Tite-Live, XXVIII, xii.)
  2. Tite-Live, XXIII, xiii et xli.
  3. Appien, Guerres d’Annibal, liv.