Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 1, Plon 1865.djvu/178

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Lucanie, et avait même obtenu sur lui un avantage à Grumentum. Annibal s’était avancé jusqu’à Canusium, lorsque le consul Claudius Néron, instruit de la supériorité numérique de l’armée de secours, laisse son camp sous la garde de Q. Cassius, son lieutenant, dissimule son départ, vient opérer sa jonction avec son collègue, et défait, près du Métaure, Asdrubal, qui y périt avec toute son armée[1]. Dès lors, Annibal prévoit le sort de Carthage ; il abandonne l’Apulie, la Lucanie même, et se retire dans le seul pays demeuré fidèle, le Bruttium ; il y reste enfermé encore cinq années, attendant toujours des renforts[2], et ne quitte l’Italie que lorsque sa patrie, menacée par les légions romaines, déjà sur le sol africain, le rappelle pour la défendre.

La marine des deux nations joua dans cette guerre un rôle important. Les Romains mirent tout en œuvre pour rester maîtres de la mer ; leurs flottes, placées à Ostie, à Brindes et à Lilybée, exerçaient sans cesse la surveillance la plus active sur les côtes de l’Italie ; elles firent même des excursions dans le voisinage de Carthage et jusqu’en Grèce[3].

  1. Tite-Live, XXVII, xlix.
  2. Appien, Guerres d’Annibal, liv.
  3. En 536, Rome avait sur mer 220 quinquérèmes et 20 petits vaisseaux (Tite-Live, XXI, xvii), avec lesquels elle protégeait d’une manière efficace les côtes de la Sicile et de l’Italie. (Tite-Live, XXI, xlix, li.) En 537, Scipion, avec 35 vaisseaux, détruit une flotte carthaginoise aux embouchures de l’Èbre (Tite-Live, XXII, xix), et le consul Servilius Geminus débarque en Afrique avec 120 bâtiments, afin d’empêcher Carthage d’envoyer des renforts à Annibal. (Tite-Live, XXII, xxxi.) En 538, la flotte de Sicile est renforcée de 25 navires. (Tite-Live, XXII, xxxvii.) En 539, Valerius Lævinus avait 25 vaisseaux pour protéger la côte de l’Adriatique, et Fulvius, un même nombre pour surveiller la côte d’Ostie (Tite-Live, XXIII, xxxii) ; puis la flotte de l’Adriatique, portée à 55 voiles, reçoit la mission de contenir la Macédoine. (Tite-Live, XXIII, xxxviii.) La même année, la flotte de Sicile, sous Titus Otacilius, défait les Carthaginois. (Tite-Live, XXIII, xli.) En 540, Rome a 150 vaisseaux (Tite-Live, XXIV, xi) ; cette année et la suivante, la flotte romaine défend Apollonie, attaquée par le roi de Macédoine, et débarque des troupes qui ravagent le territoire