Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 1, Plon 1865.djvu/190

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frontières et de son continent ; elle traversait les mers afin que dans le monde entier il n’existât pas une seule domination injuste, et que le droit, l’équité, la loi, fussent partout les plus puissants. Il avait suffi de la voix d’un héraut pour affranchir toutes les villes de la Grèce et de l’Asie. La seule idée d’un pareil dessein supposait une grandeur d’âme peu commune ; mais, pour l’exécuter, il avait fallu autant de courage que de bonheur[1]. »

Il y avait cependant une ombre au tableau. Tout le Péloponnèse n’était pas affranchi, et Flamininus, après avoir enlevé à Nabis, roi de Sparte, plusieurs de ses possessions, avait conclu la paix avec lui sans continuer le siège de Lacédémone, dont il redoutait la longueur. Il craignait aussi l’arrivée d’un ennemi plus dangereux, Antiochus III, déjà parvenu en Thrace, et qui menaçait de passer en Grèce avec des forces considérables. Par cela même, les Grecs alliés, uniquement préoccupés de leurs intérêts, reprochaient au consul romain d’avoir trop tôt conclu la paix avec Philippe, que, selon eux, il aurait pu anéantir[2]. Mais Flamininus répondait qu’il n’avait pas mission de détrôner Philippe, et que l’existence du royaume de Macédoine était nécessaire comme barrière contre les barbares de la Thrace, de l’Illyrie et de la Gaule[3]. Cependant, accompagnées jusqu’à leurs vaisseaux par les acclamations du peuple, les troupes romaines évacuèrent les villes rendues à la liberté (560), et Flamininus vint triompher à Rome, apportant avec

  1. Tite-Live, XXXIII, xxxii.
  2. « Les alliés s’écriaient qu’il fallait continuer la guerre et exterminer le tyran, sans quoi la liberté de la Grèce serait toujours en danger. Ne pas prendre les armes eût été plus avantageux que de les poser sans avoir atteint le but. Le consul répondait : Si le siège de Lacédémone arrêtait longtemps l’armée, quelles autres troupes Rome pourrait-elle opposer à un monarque (Antiochus) si puissant et si redoutable ? » (Tite-Live, XXXIV, xxxiii.)
  3. Tite-Live, XXXIII, xii.