Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 1, Plon 1865.djvu/203

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pagne[1]. Tous ces faits, sans doute, encourent le blâme du sénat ; les consuls et les préteurs sont désavoués, accusés même ; les désobéissances n’en restent pas moins impunies et les accusations sans résultats. En 599, il est vrai, L. Lentulus, consul de l’année précédente, subit une condamnation comme concussionnaire ; mais cela ne l’empêcha pas d’être appelé de nouveau aux premiers honneurs[2].

Tant qu’il ne s’était agi que de former des hommes destinés à un rôle modeste sur un théâtre restreint, rien de plus favorable que l’élection annuelle des consuls et des préteurs, système qui, au bout d’un certain laps de temps, faisait participer aux premières fonctions un grand nombre des principaux citoyens de la noblesse patricienne et plébéienne. Des pouvoirs ainsi exercés sous les yeux de leurs concitoyens, plutôt par honneur que par intérêt, leur imposaient le devoir de s’en rendre dignes ; mais lorsque, conduisant leurs légions dans les contrées les plus reculées, les généraux, loin de tout contrôle, et investis d’un pouvoir absolu, s’enrichirent des dépouilles des vaincus, on ne rechercha les dignités que pour faire fortune pendant leur courte durée. La réélection fréquente des magistrats, en multipliant les candidatures, multiplia les ambitieux, qui ne reculèrent devant aucun moyen de parvenir. Aussi Montesquieu observe-t-il avec raison que « de bonnes lois, qui ont fait qu’une petite république devient grande, lui deviennent à charge lorsqu’elle s’est agrandie, parce qu’elles étaient telles que leur effet naturel était de faire un grand peuple, et non de le gouverner[3]. »

Le remède à ce débordement de passions déréglées eût

  1. « On disait généralement que les patrons des provinces espagnoles eux-mêmes s’opposaient à ce que l’on poursuivît des personnages nobles et puissants. » (Tite-Live, XLIII, ii.)
  2. Valère Maxime, VI, ix, 10.
  3. Montesquieu, Grandeur et décadence des Romains, IX, 66.