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ciennes ayant un ancêtre commun ; autour d’elle se groupait un grand nombre de clients, d’affranchis et d’esclaves. Pour donner une idée de l’importance des gentes dans les premiers siècles de Rome, il suffit de rappeler que, vers l’an 251, un certain Attus Clausus, appelé depuis Appius Claudius, Sabin de la ville de Régille, aussi distingué, dit Denys d’Halicarnasse, par l’éclat de sa naissance que par ses grandes richesses, vint se réfugier chez les Romains avec ses parents, ses amis, ses clients et toutes leurs familles, au nombre de cinq mille hommes en état de porter les armes[1]. Lorsqu’en 275 les trois cents Fabius, formant la gens Fabia, voulurent à eux seuls combattre les Véiens, ils étaient suivis de quatre mille clients[2]. Souvent la haute classe croyait, avec le grand nombre de ses adhérents, pouvoir tout accomplir par elle-même. En 286, les plébéiens ayant refusé d’assister aux comices consulaires, les patriciens, suivis de leurs clients, élurent les consuls[3] ; et en 296, un Claudius disait avec orgueil que la noblesse n’avait pas besoin des plébéiens pour faire la guerre contre les Volsques[4]. Les familles d’origine ancienne formèrent longtemps l’État à elles seules. C’est à elles que s’appliquait exclusivement le nom de populus[5], comme celui de plebs aux plébéiens[6]. En effet, quoique ensuite le mot populus eût pris une signification plus étendue, Cicéron dit qu’il faut

  1. Denys d’Halicarnasse, V, xl. — Tite-Live, II, xvi.
  2. Tite-Live, II, xlviii. — Denys d’Halicarnasse, IX, xv.
  3. Tite-Live, II, lxiv.
  4. Denys d’Halicarnasse, X, xv.
  5. « On appelait décret du peuple (scitum populi) la mesure qu’avait votée l’ordre des patriciens, sur la proposition d’un patricien, sans la participation de la plèbe. » (Voyez Festus, au mot Scitum populi, p. 330.) En parlant des tribuns, Tite-Live met dans la bouche d’Appius Claudius les paroles suivantes : « Non enim populi, sed plebis, eum magistratum esse. » (Tite-Live, II, lvi.)
  6. La plèbe était composée de tout ce qui, dans le peuple, n’était ni sénateur ni patricien. » (Voyez Festus, au mot Scitum populi.)