Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 1, Plon 1865.djvu/211

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

même de Polybe[1], autant de modération que de désintéressement. Il maintint debout les statues de Philopœmen, ne garda rien pour lui des trophées pris en Grèce, et resta pauvre à ce point que le sénat dota sa fille aux dépens du trésor public.

Vers le même temps, la sévérité du sénat n’avait pas non plus épargné la Macédoine. Pendant la dernière guerre punique, un aventurier grec, Andriscus, se donnant pour fils de Persée, avait soulevé le pays avec une armée de Thraces. Chassé de Thessalie par Scipion Nasica, il y rentra, tua le préteur Juventius Thalna, et fit alliance avec les Carthaginois. Battu par Metellus, il fut envoyé à Rome chargé de chaînes. Quelques années plus tard, un second imposteur ayant aussi tenté de s’emparer de la succession de Persée, le sénat réduisit la Macédoine en province romaine (612). Il en fut de même de l’Illyrie après la soumission des Ardyens (618). Jamais on n’avait vu autant de triomphes. Scipion Émilien avait triomphé de l’Afrique, Metellus de la Macédoine, Mummius de l’Achaïe, Fulvius Flaccus de l’Illyrie.

Délivré désormais de ses embarras à l’est et au midi, le sénat porta son attention sur l’Espagne. Ce pays n’était jamais complètement soumis ; ses forces à peine réparées, il reprenait les armes. Après la pacification amenée successivement par Scipion l’Africain et Sempronius Gracchus, de nouvelles insurrections avaient éclaté ; les Lusitaniens, cédant aux instigations de Carthage, s’étaient révoltés en 601, et avaient remporté des avantages sur Mummius et sur son successeur Galba (603). Mais ce dernier, par une trahison indigne, massacra trente mille prisonniers. Accusé pour ce fait à Rome par Caton, il avait été acquitté. Plus tard un autre consul montra non moins de perfidie : Licinius Lucul-

  1. Polybe, XL, xi.