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Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 1, Plon 1865.djvu/212

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lus, étant entré dans la ville de Cauca, qui s’était rendue, tua vingt mille de ses habitants et vendit le reste[1].

Tant de cruauté excita l’indignation des peuples du midi de l’Espagne, et, comme toujours, le sentiment national fit surgir un héros. Viriathe, échappé au massacre des Lusitaniens, et de pâtre devenu général, commença une guerre de partisans, et, pendant cinq années, vainqueur des généraux romains, finit par soulever les Celtibères. Tandis que ceux-ci occupaient Metellus le Macédonique, Fabius, resté seul en présence de Viriathe, fut enfermé dans un défilé et contraint à la paix. Le meurtre de Viriathe ne laissa plus douteuse l’issue de la guerre. Cette mort était trop avantageuse aux Romains pour qu’on ne l’imputât pas à Cæpion, successeur de son frère Fabius. Mais, lorsque les meurtriers vinrent lui demander le salaire de leur crime, il leur répondit que jamais les Romains n’avaient approuvé le massacre d’un général par ses soldats[2]. Cependant les Lusitaniens se soumirent, et les légions pénétrèrent jusqu’à l’Océan.

La guerre, terminée à l’ouest, se concentra autour de Numance[3], où, pendant cinq années, plusieurs consuls furent défaits. Lorsqu’en 616 Mancinus, cerné de tous côtés par l’ennemi, fut réduit, pour sauver son armée, à une capitulation honteuse, semblable à celle des Fourches Caudines, le sénat refusa de ratifier le traité et livra le consul chargé de fers. Le même sort était réservé à Tiberius Gracchus, son questeur, qui s’était rendu garant du traité ; mais il dut à la faveur du peuple de rester à Rome. Les Numantins résistèrent encore fort longtemps avec une rare énergie. Il fallut que le vainqueur de Carthage vînt lui-même diriger

  1. Appien, Guerres d’Espagne, lii.
  2. Eutrope, IV, vii.
  3. La ville de Garray, en Espagne, située à une lieue de Soria, sur le Duero, est bâtie sur l’emplacement même de l’ancienne Numantia (Miñano, Diccionario geográfico de España.)