Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 1, Plon 1865.djvu/216

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dilapidations des provinces ; mais ces institutions, successivement adoptées et délaissées, ne pouvaient guérir les maux de la société. Les mâles vertus d’une aristocratie intelligente avaient jusqu’alors maintenu la République dans un état de concorde et de grandeur ; ses vices allaient bientôt l’ébranler jusque dans ses fondements.

Nous venons de signaler les principaux événements d’une période de cent trente-trois ans, pendant laquelle Rome déploya une énergie qu’aucune nation n’a jamais égalée. De tous les côtés, et presque en même temps, elle a franchi ses limites naturelles. Au nord, elle a dompté les Gaulois cisalpins et dépassé les Alpes ; à l’ouest et au midi, elle a conquis les grandes îles de la Méditerranée et la majeure partie de l’Espagne. Carthage, sa puissante rivale, a cessé d’exister. À l’est, les côtes de l’Adriatique sont colonisées ; les Illyriens, les Istriens, les Dalmates sont soumis ; le royaume de Macédoine est devenu une province tributaire ; les légions ont pénétré jusqu’au Danube[1]. Au delà, il n’existe plus que des terres inconnues, patrie de barbares, encore trop faibles pour donner de l’inquiétude. La Grèce continentale, ses îles, l’Asie Mineure, jusqu’au mont Taurus, tout ce pays, berceau de la civilisation, est entré dans l’empire romain. Le reste de l’Asie reçoit ses lois ou obéit à son influence. Le plus puissant des royaumes qui ont fait partie de l’héritage d’Alexandre, l’Égypte, est sous sa tutelle. Les Juifs implorent son alliance. La Méditerranée est devenue un lac romain. La République cherche en vain autour d’elle un adversaire digne de ses armes. Mais si au dehors aucun danger sérieux ne semble plus la menacer, au dedans il existe de grands intérêts non satisfaits et des peuples mécontents.

  1. Expédition contre les Scordisques, en 619.