Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 1, Plon 1865.djvu/236

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concitoyens. La raison en est cependant naturelle ; ils combattirent par les armes des idées que les armes ne pouvaient pas anéantir. Lorsque, au milieu de la prospérité générale, surgissent des utopies dangereuses, sans racines dans le pays, le plus simple emploi de la force les fait disparaître ; mais, au contraire, lorsqu’une société, profondément travaillée par des besoins réels et impérieux, exige des réformes, le succès de la répression la plus violente n’est que momentané : les idées comprimées reparaissent sans cesse, et, comme l’hydre de la fable, pour une tête abattue, cent autres renaissent.


Guerre de Jugurtha (637).

IV. Une oligarchie orgueilleuse avait triomphé à Rome du parti populaire ; aura-t-elle au moins l’énergie de relever, à l’extérieur, l’honneur du nom romain ? Il n’en sera pas ainsi ; les événements dont l’Afrique va devenir le théâtre montreront la bassesse de ces hommes qui voulaient gouverner le monde en répudiant les vertus de leurs ancêtres.

Jugurtha, fils de Micipsa, roi de Numidie, et d’une concubine, s’était distingué dans les légions romaines au siège de Numance. Comptant sur la faveur dont il jouissait à Rome, il avait résolu de s’emparer de l’héritage de Micipsa, au préjudice des deux enfants légitimes, Hiempsal et Adherbal. Le premier fut égorgé par ses ordres, et, malgré cet attentat, Jugurtha était parvenu à corrompre les commissaires romains chargés de diviser le royaume entre lui et Adherbal, et à s’en faire adjuger la meilleure partie. Mais bientôt, maître de tout le pays par la force des armes, il avait fait périr Adherbal. Le sénat envoya contre Jugurtha le consul Bestia Calpurnius, qui, bientôt acheté comme l’avaient été les commissaires, conclut une paix honteuse. Tant d’infamies ne pouvaient rester dans l’ombre. Le consul, à son retour, fut attaqué par C. Memmius, qui, en forçant