Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 1, Plon 1865.djvu/24

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’abord la légion. Elles furent bientôt portées au double par l’adjonction de nouvelles cités[1].

La curie, dans laquelle entrait un certain nombre de gentes, était alors la base de l’organisation politique et militaire, et de là vint pour le peuple romain le nom de Quirites.

Les membres des curies étaient constitués en associations religieuses, ayant chacune des réunions et des repas solennels qui établissaient entre eux des liens d’affiliation ; lorsque leurs assemblées avaient un but politique, les votes se recueillaient par tête[2] ; on décidait de la paix ou de la guerre ; on nommait les magistrats de la ville ; on confirmait ou l’on abrogeait les lois[3].

L’appel au peuple[4], qui pouvait infirmer les jugements des magistrats, n’était autre chose que l’appel aux curies, et c’est en y recourant, après avoir été condamné par les duumvirs, que le survivant des trois Horace trouva son salut.

La politique des rois consista à fondre ensemble les diffé-

  1. Denys d’Halicarnasse, II, xxxv. — On a cherché à expliquer de diverses façons l’origine du mot curie. On le fait venir du mot curare, ou du nom de la ville de Cures, ou de κύριος, « seigneur » ; il semble plus naturel de le faire dériver du mot quiris (curis), qui signifiait lance (Denys d’Halicarnasse, II, xlviii. — Plutarque, Romulus, xli), car ainsi nous arriverons à un terme identique à celui du moyen âge, où lance signifiait un homme d’armes, accompagné de six ou huit suivants armés. Et, comme le but principal de la formation de la curie était de fournir un certain nombre de citoyens armés, il est possible qu’on ait donné au tout le nom de la partie. Ou lit dans Ovide, Fastes, II, vers 477-480 :

    Sive quod hasta curis priscis est dicta Sabinis,
    Bellicus a telo venit in astra Deus :
    Sive suo regi nomen posuere Quirites ;
    Seu quia Romanis junxerat ille Cures
    .

  2. Tite-Live, I, xliii.
  3. Denys d’Halicarnasse, II, xiv, et IV, xx.
  4. « L’appel au peuple existait même sous les rois, comme le montrent les livres des pontifes. » (Cicéron, De la République, II, xxxi.)