Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 1, Plon 1865.djvu/241

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temps, se changea en haine violente. Ils devinrent, l’un, le champion de la démocratie ; l’autre, l’espoir de la faction oligarchique. Aussi le sénat vantait-il outre mesure Metellus et Sylla, afin que le peuple ne considérât pas Marius comme le premier des généraux[1]. La gravité des événements déjoua bientôt cette manœuvre.

Pendant que Marius terminait la guerre contre Jugurtha, un grand danger menaçait l’Italie. Dès 641, une immense immigration de barbares s’était avancée par l’Illyrie sur la Gaule cisalpine et avait défait, à Norcia (en Carniole), le consul Papirius Carbon. C’étaient les Cimbres, et tout en eux, les mœurs, la langue, les habitudes de pillage et d’aventures, attestait leur parenté avec les Gaulois[2]. Parvenus à travers la Rhétie dans le pays des Helvètes, ils entraînèrent diverses peuplades, et pendant quelques années dévastèrent la Gaule ; revenus en 645 près de la Province romaine, ils demandèrent à la République des terres pour s’y établir. L’armée consulaire envoyée contre eux fut battue, et ils envahirent cette Province. Les Tigurins (647), peuplade de l’Helvétie, sortant de leurs montagnes, tuèrent le consul L. Cassius, et firent passer son armée sous le joug. Ce n’était qu’un prélude à de plus grands désastres. Une troisième invasion des Cimbres, suivie de deux nouvelles défaites en 649, aux bords du Rhône, excite les appréhensions les plus vives, et l’opinion publique désigne Marius comme le seul homme capable de sauver l’Italie ; les nobles d’ailleurs, en présence d’un si grave danger, ne recherchaient plus le pouvoir[3]. Il fut donc, contrairement à la loi, nommé pour la seconde fois consul, en 650, et chargé de la guerre dans la Gaule.

Ce grand capitaine s’appliqua pendant plusieurs années à

  1. Plutarque, Marius, x.
  2. Plutarque, Marius, xix.
  3. Plutarque, Marius, xi.