Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 1, Plon 1865.djvu/242

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rétablir la discipline militaire, à exercer ses troupes et à les familiariser avec ces nouveaux ennemis, dont l’aspect les remplissait de crainte. Marius, jugé indispensable, était réélu d’année en année ; de 650 à 654, il fut cinq fois nommé consul, battit les Cimbres, unis aux Ambrons et aux Teutons, près d’Aquæ Sextiæ (Aix), repassa en Italie et extermina près de Verceil les Cimbres échappés à la dernière bataille et ceux que les Celtibères avaient repoussés de l’Espagne. Ces immenses boucheries, ces massacres de peuples entiers éloignèrent pour quelque temps les barbares des frontières de la République.

Consul pour la sixième fois (654), le sauveur de Rome et de l’Italie, par une généreuse déférence, ne voulut pas triompher sans son collègue Catulus[1], et ne craignit pas d’outrepasser ses pouvoirs en accordant à deux cohortes auxiliaires, de Cameria, qui s’étaient distinguées, les droits de cité[2]. Mais il obscurcit sa gloire par de coupables intrigues. Associé aux chefs les plus turbulents de la faction démocratique, il les excita à la révolte, et les sacrifia dès qu’il s’aperçut qu’ils ne pouvaient réussir. Quand les gouvernants repoussent les vœux légitimes du peuple et les idées vraies, les factieux alors s’en emparent comme d’une arme puissante pour servir leurs passions et leurs intérêts personnels ; le sénat ayant rejeté toutes les propositions de réforme, les fauteurs de désordres y trouvèrent un prétexte et un appui à leurs projets pervers. L. Appuleius Saturninus, créature de Marius, et Glaucia, de mœurs aussi déréglées, se livrèrent à d’incroyables violences. Le premier ressuscita les lois agraires des Gracques et les exagéra en proposant le partage des terres enlevées aux Cimbres, mesure qu’il voulut imposer par la terreur et l’assassinat.

  1. Plutarque, Marius, xxviii.
  2. Plutarque, Marius, xxix.