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Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 1, Plon 1865.djvu/26

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nombre de ses enfants et de ses esclaves. Cette opération fut appelée cens[1]. Le recensement était inscrit sur des tables[2], et, une fois terminé, on convoquait tous les citoyens en armes au Champ-de-Mars. Cette revue se nommait clôture du lustre, parce qu’elle était accompagnée de sacrifices et de purifications nommées lustrations. On appela lustre l’intervalle de cinq ans entre deux cens[3].

Les citoyens furent divisés en six classes[4] et en cent quatre-vingt-treize centuries, d’après la fortune de chacun, en commençant par les plus riches et en finissant par les plus pauvres. La première classe comprit quatre-vingt-dix-huit centuries, dont dix-huit de chevaliers ; la seconde et la

  1. « Si Numa fut le législateur des institutions religieuses, la postérité proclame Servius le fondateur de l’ordre qui distingue dans la République les différences de rang, de dignité et de fortune. C’est lui qui établit le cens, la plus salutaire de toutes les institutions pour un peuple destiné à tant de grandeur. Les fortunes, et non plus les individus, furent appelées à porter les charges de l’État. Le cens établit des classes, des centuries, et cet ordre qui fait l’ornement de Rome pendant la paix et sa force pendant la guerre. » (Tite-Live, I, xlii.)
  2. Denys d’Halicarnasse, IV, xvi.
  3. « Lorsque Servius Tullius eut achevé le recensement, il ordonna à tous les citoyens de se réunir en armes dans la plus grande des plaines situées près de la ville, et, ayant rangé les cavaliers par escadrons, les fantassins en phalanges, et les hommes armés à la légère dans leurs ordres respectifs, il les soumit à une lustration par l’immolation d’un taureau, d’un bélier et d’un bouc. Il ordonna que les victimes fussent promenées alentour de l’armée, après quoi il sacrifia à Mars, auquel ce champ est dédié. Depuis cette époque jusqu’à présent, les Romains ont continué de faire accomplir la même cérémonie par la plus sainte des magistratures, à l’achèvement de chaque recensement ; c’est ce qu’ils nomment lustre. Le nombre total de tous les Romains recensés donna, d’après ce qui est écrit dans les tables du cens, 85 000 hommes, moins 300. » (Denys d’Halicarnasse, IV, xxii.)
  4. « Ce bon ordre du gouvernement (sous Servius Tullius) s’est maintenu chez les Romains pendant plusieurs siècles, mais de nos jours il a été changé, et, par la force des choses, a fait place à un système plus démocratique. Ce n’est pas qu’on ait aboli les centuries, mais on ne convoquait plus les votants avec l’ancienne exactitude ; leurs jugements n’ont plus la même équité, comme je l’ai observé en assistant souvent aux comices. » (Denys d’Halicarnasse, IV, xxi.)