Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 1, Plon 1865.djvu/275

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

artistement ses cheveux sur le devant de la tête, ce qui lui servit, dans un âge plus avancé, à cacher son front devenu chauve. On lui reprochait comme une affectation de se gratter la tête avec un seul doigt, de peur de déranger sa coiffure[1]. Sa mise était recherchée ; sa toge était garnie ordinairement d’un laticlave orné de franges jusqu’aux mains et retenu par une ceinture nouée nonchalamment autour des reins, costume qui distinguait la jeunesse élégante et efféminée de cette époque. Mais Sylla ne se trompait pas à ces apparences de frivolité, et répétait qu’il fallait prendre garde à ce jeune homme à la ceinture relâchée[2]. Il avait le goût des tableaux, des statues, des bijoux, et portait toujours au doigt, en souvenir de son origine, un anneau sur lequel était gravée la figure de Vénus armée[3].

En résumé, au physique et au moral, on trouvait dans César deux natures rarement réunies dans la même personne. Il joignait la délicatesse aristocratique du corps au tempérament nerveux de l’homme de guerre, les grâces de l’esprit à la profondeur des pensées, l’amour du luxe et des arts à la passion de la vie militaire dans toute sa simplicité et sa rudesse ; en un mot, il alliait l’élégance des formes, qui séduit, à l’énergie du caractère, qui commande.


César persécuté par Sylla (672).

II. Tel était César à l’âge de dix-huit ans, quand Sylla s’empara de la dictature[4]. Déjà il attirait les regards à Rome par son nom, son esprit, ses manières affables, qui

  1. «… Et quand je regarde, disait Cicéron, ses cheveux si artistement disposés, et quand je le vois se gratter la tête d’un seul doigt, je ne saurais croire qu’un tel homme puisse concevoir un dessein si noir, de renverser la République romaine. » (Plutarque, César, iv.)
  2. Suétone, César, xlv. — Cicéron disait également : « Je me suis laissé prendre à sa manière de se ceindre, faisant allusion à sa robe traînante, qui lui donnait l’apparence efféminée. » (Macrobe, Saturnales, II, iii.)
  3. Dion Cassius, XLIII, xliii.
  4. Velleius Paterculus, II, xli.