Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 1, Plon 1865.djvu/318

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« qu’il l’emporterait sur tous ses rivaux, et qu’avec l’appui du peuple il occuperait le premier rang dans la République[1]. » Désormais le parti populaire avait un chef.

Le temps de son édilité expiré, César sollicita la mission d’aller transformer l’Égypte en province romaine[2]. Il s’agissait de faire exécuter un testament du roi Ptolémée Alexas ou Alexandre[3], qui, à l’exemple d’autres rois, avait laissé ses États au peuple romain. Mais l’existence du testament était révoquée en doute[4], et il semble que le sénat[5] recula devant la prise de possession d’une si riche contrée, craignant, comme plus tard Auguste, de rendre trop puissant le proconsul qui la gouvernerait. La mission de réduire l’Égypte en province romaine était brillante et fructueuse. Elle eût donné à ceux qui en auraient été chargés un pouvoir militaire étendu et la disposition de grandes ressources. Crassus se mit aussi sur les rangs ; mais, après de longs débats, le sénat fit échouer les prétentions rivales[6].

Vers le même temps, alors que Crassus s’efforçait de faire admettre les habitants de la Gaule transpadane aux droits de citoyens romains, le tribun du peuple Caius Papius fit adopter une loi pour l’expulsion de Rome de tous les étrangers[7]. Or, dans leur orgueil, les Romains qualifiaient ainsi

  1. Plutarque, César, vi.
  2. Suétone, César, xi. — Cicéron, Premier discours sur la loi agraire, i, 16.
  3. Justin, xxxix, 5. — Scholiaste de Bobbio, sur le Discours de Cicéron « De rege Alexandrino », p. 350, éd. Orelli.
  4. Cicéron, Deuxième discours contre la loi agraire, xvi.
  5. « Auguste, parmi d’autres maximes d’État, s’en fit une de séquestrer l’Égypte, en défendant aux sénateurs et aux chevaliers romains du premier rang d’y aller jamais sans sa permission. Il craignait que l’Italie ne fût affamée par le premier ambitieux qui s’emparerait de cette province, où, tenant les clefs de la terre et de la mer, il pourrait se défendre, avec très-peu de soldats, contre de grandes armées. » (Tacite, Annales, II, lix.)
  6. Suétone, César, xi.
  7. Dion-Cassius, XXXVII, ix.