Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 1, Plon 1865.djvu/334

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à cette époque, un traité de droit augural fort étendu, et un autre d’astronomie, destiné à faire connaître en Italie les découvertes, de l’école d’Alexandrie[1].

Servilius Isauricus et Catulus, comptant sur leurs antécédents et sur l’estime dont ils jouissaient, se croyaient d’autant plus sûrs d’être élus que, depuis Sylla, le peuple n’intervenant plus dans la nomination du grand pontife, le collège en faisait seul l’élection. Labienus, pour faciliter à César l’accès de cette haute dignité, fit passer un plébiscite qui remettait la nomination aux suffrages du peuple. Cette manœuvre déconcerta les autres concurrents sans les décourager, et, suivant l’habitude, ils entreprirent de séduire les électeurs à prix d’argent. Tout ce qui tenait au parti des grands se réunit contre César ; celui-ci combattit la brigue par la brigue, et soutint la lutte à l’aide d’emprunts considérables ; il sut intéresser à son succès, selon Appien, et les pauvres qu’il avait payés, et les riches auxquels il avait emprunté[2]. Catulus, sachant César très-obéré et se méprenant sur son caractère, lui fit proposer une forte somme s’il se désistait. Celui-ci lui répondit qu’il en emprunterait une bien plus forte encore pour appuyer sa candidature[3].

Enfin arriva le grand jour qui allait décider de l’avenir de César. Lorsqu’il partit pour se rendre aux comices, les pensées les plus sombres agitaient son âme ardente, et, calculant que, s’il ne réussissait pas, ses dettes le contraindraient peut-être à s’exiler, il dit à sa mère en l’embrassant :

  1. Macrobe, Saturnales, I, xvi. — Priscien, VI, p. 716, éd. Putsch. — Macrobe (l. c.) cite le XVIe livre du traité de César sur les auspices. — Dion-Cassius, XXXVII, xxxvii, s’exprime ainsi : « Surtout parce qu’il avait soutenu Labienus contre Rabirius et n’avait point voté la mort de Lentulus. » Mais l’auteur grec se trompe, la nomination de César au grand pontificat eut lieu avant la conjuration de Catilina. (Voy. Velleius Paterculus, II, xliii.)
  2. Appien, Guerres civiles, II, i, viii, xiv.
  3. Plutarque, César, vii.