Aller au contenu

Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 1, Plon 1865.djvu/335

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« Aujourd’hui tu me verras grand pontife ou fugitif[1]. » Le succès le plus brillant vint couronner ses efforts, et, ce qui augmenta sa joie, ce fut d’obtenir plus de voix dans les tribus de ses adversaires que ceux-ci n’en eurent dans toutes les tribus prises ensemble[2].

Une telle victoire fit craindre au sénat que César, fort de son ascendant sur le peuple, ne se portât aux plus grands excès ; mais sa conduite resta la même.

Jusqu’alors il avait habité une maison fort modeste, dans le quartier appelé Subura ; nommé souverain pontife, il fut logé dans un bâtiment public sur la voie Sacrée[3]. Cette nouvelle position devait l’obliger, en effet, à une vie somptueuse, si l’on en juge par le luxe déployé pour la réception d’un simple pontife, à laquelle il assistait comme roi des sacrifices, et dont Macrobe nous a conservé les curieux détails[4]. De plus, il se fit bâtir une superbe villa sur le lac de Nemi, près d’Aricia.


  1. Plutarque, César, vii.
  2. Suétone, César, xiii.
  3. Suétone, César, xlvi.
  4. « Le 23 août, jour de l’inauguration de Lentulus, flamine de Mars, la maison fut décorée, et des lits d’ivoire furent dressés dans les triclinia. Dans les deux premières salles étaient les pontifes Q. Catulus, M. Æmilius Lepidus, D. Silanus, C. César, roi des sacrifices, et… L. Julius César, augure. La troisième reçut les vestales. Le repas fut ainsi composé : pour entrée, hérissons de mer, huîtres crues à discrétion, palourdes (espèce d’huîtres d’une grosseur extraordinaire), spondyles (coquillage du genre de l’huître), grives, asperges, poule grasse, et, en dessous, pâté d’huîtres et de palourdes, glands de mer noirs et blancs (coquillage de mer et de rivière, suivant Pline), encore des spondyles, glycomarides (autre coquillage mentionné par Pline), orties de mer, becfigues, filets de chevreuil et de sanglier, volailles grasses saupoudrées de farine, becfigues, murex et ursins (coquillage hérissé de pointes qui donnait la pourpre aux anciens). Second service, tétines de truie, hure de sanglier, pâté de poisson, pâté de tétines de truie, canards, sarcelles bouillies, lièvres, volailles rôties, farines (c’est la farine que l’on obtient à la manière de l’amidon, sans mouture ; on en faisait plusieurs sortes de crèmes, amylaria) pains du Picenum. » (Macrobe, Saturnales, II, ix.)