Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 1, Plon 1865.djvu/378

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honneur[1]. Cette mesure, en effet, était un acte conservatoire de la propriété ; elle empêchait les usuriers romains de s’emparer de tout le capital pour être remboursés, et on verra qu’il la rendit générale pendant sa dictature[2]. Enfin, après avoir apaisé les dissensions, il combla de bienfaits les habitants de Cadix, leur laissa des lois dont l’heureuse influence se fit sentir longtemps, et abolit chez les peuples de la Lusitanie les usages barbares, dont quelques-uns allaient jusqu’à sacrifier des victimes humaines[3]. C’est là qu’il se lia d’amitié avec un homme important de Cadix, L. Cornelius Balbus, qui devint son magister fabrum pendant les guerres des Gaules, et que défendit Cicéron lorsque le droit de citoyen romain lui fut contesté[4].

Tout en administrant sa province avec la plus grande équité, il avait, pendant la campagne, recueilli un riche butin, qui lui servit à récompenser ses soldats et à verser dans le trésor des sommes considérables, sans être accusé de concussion ni d’actes arbitraires. Sa conduite comme propréteur en Espagne[5] fut louée de tous, et, entre autres, par

  1. Plutarque, César, xii.
  2. « Une légion d’accusateurs se déchaîna contre ceux qui s’enrichissaient par l’usure, au mépris d’une loi du dictateur César sur la proportion des créances et des possessions en Italie, loi depuis longtemps mise en oubli par l’intérêt des particuliers. » (Tacite, Annales, VI, xvi. — Suétone, xlii.)
  3. « Je ne rappellerai pas toutes les distinctions dont César a décoré le peuple de cette ville lorsqu’il était préteur en Espagne ; les divisions qu’il a su apaiser chez les Gaditains ; les lois que, de leur consentement, il leur a données ; l’antique barbarie de leurs mœurs et de leurs usages, qu’il a su faire disparaître ; l’empressement avec lequel, à la prière de Balbus, il les a comblés de bienfaits. » (Cicéron, Discours pour Balbus, xix.)
  4. « Dès sa jeunesse il a connu César, il a plu à cet homme éminent. César, dans la foule de ses amis, l’a distingué comme un de ses intimes ; dans sa préture, durant son consulat, il l’a préposé à la construction de ses machines de guerre. Il a goûté sa prudence, apprécié son dévouement, agréé ses bons offices et son affection ; à cette époque Balbus a partagé presque tous les travaux de César. » (Cicéron, Discours pour Balbus, xxviii.)
  5. « Car cet homme (César) commença par être préteur en Espagne, et,