Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 1, Plon 1865.djvu/380

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tendants aux honneurs, et y résider plusieurs jours avant l’élection. Le sénat n’avait pas toujours jugé les deux demandes incompatibles[1] ; peut-être même aurait-il accordé cette faveur à César, si Caton, parlant jusqu’à la fin du jour, n’eût rendu toute délibération impossible[2]. Celui-ci cependant ne s’était pas montré si rigide en 684 ; mais c’est qu’alors Pompée triomphait en réalité de Sertorius, cet ennemi de l’aristocratie, quoique officiellement il ne fût question que des victoires sur les Espagnols[3]. Obligé d’opter entre une vaine cérémonie et le pouvoir, César n’hésita pas.

Le terrain était bien préparé pour son élection ; sa popularité n’avait fait que croître, et le sénat, trop fier de ses avantages, s’était aliéné les hommes les plus puissants. Pompée, mécontent de tous les refus opposés à ses justes réclamations, savait bien, en outre, que la loi récente, déclarant ennemis publics ceux qui corrompaient les électeurs, était une attaque directe contre lui, puisqu’il avait ouvertement payé l’élection du consul Afranius ; mais, toujours infatué de sa personne, il se consolait de ses échecs en se pavanant dans sa belle robe brodée[4]. Crassus, resté longtemps fidèle au parti aristocratique, en était devenu l’adversaire, à cause de la jalousie mal déguisée des grands à son égard et de leurs manœuvres pour l’impliquer avec César dans la conspiration de Catilina. Cependant, quoiqu’il tînt en main les fils de bien des intrigues, il craignait de se compromettre et évitait de se prononcer en public contre tout homme en crédit[5]. Lucullus, fatigué de ses campagnes et

  1. « Bien des prétendants au consulat avaient été nommés quoique absents, témoin Marcellus en 540. » (Tite-Live, XXIV, ix.)
  2. Plutarque, Caton, xxxvi.
  3. Florus, III, xxiii.
  4. Cicéron, Lettres à Atticus, I, xviii
  5. Cicéron, Lettres à Atticus, I, xviii