Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 1, Plon 1865.djvu/52

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Afin d’obvier à cette difficulté, le sénat, après avoir supprimé les obstacles légaux qui s’opposaient aux mariages entre les deux ordres, consentit, en 309, à la création de six tribuns militaires revêtus de la puissance consulaire ; mais, chose essentielle, c’était l’interroi qui convoquait les comices et prenait les auspices[1]. Pendant soixante et dix-sept ans, les tribuns militaires alternèrent avec les consuls, et on ne rétablit le consulat d’une manière permanente, en 387, que lorsqu’il fut permis aux plébéiens d’y parvenir. Tel fut le résultat d’une des lois de Licinius Stolon. Ce tribun parvint à faire adopter plusieurs mesures qui semblaient ouvrir une ère nouvelle où les dissensions s’apaisèrent. Cependant les patriciens tenaient tellement au privilège de prendre seuls les auspices, qu’en 398 on nomma, en l’absence du consul patricien, un interroi chargé de présider les comices, afin de ne pas laisser ce soin au dictateur et à l’autre consul, qui étaient plébéiens[2]. Mais en permettant à la classe populaire d’arriver au consulat, on avait eu soin de retirer à cette dignité une grande partie de ses attributions, pour les conférer à des magistrats patriciens. Ainsi on avait successivement enlevé aux consuls, par la création de deux questeurs, en 307, l’administration de la caisse militaire[3] ; par la création des

    ceux pour lesquels l’intervention des augures était indispensable ; les petits, au contraire, ceux qui se prenaient sans eux. (Voy. Aulu-Gelle, XIII, xv.)

    Quant aux auspices pris dans les comices où s’élisaient les tribuns consulaires, les passages de Tite-Live (V, xiv, lii ; VI, xi) prouvent qu’ils étaient les mêmes que pour l’élection des consuls, conséquemment que c’étaient de grands auspices, car nous savons par Cicéron (De la Divination, I, 17 ; II, 35. — Cf. Tite-Live, IV, vii) que le magistrat qui tenait les comices devait amener un augure auquel il demandait ce qu’annonçaient les présages. En faisant tenir les comices, pour les élections des tribuns consulaires, par un interroi choisi dans l’aristocratie, on maintenait les privilèges de la noblesse.

  1. Tite-Live, VI, v.
  2. Tite-Live, VII, xvii.
  3. En 333, leur nombre fut porté à quatre. Deux, préposés à la garde du