Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/101

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lerie les Romains qui s’opposaient à sa marche[1], il ne s’arrêta qu’à Reiningen, après avoir dépassé de deux milles (3 kil.) le camp romain. Arioviste, par cette manœuvre, coupait les communications de César avec la Séquanie et le pays éduen, mais il laissait libres les communications avec le pays des Leuques et celui des Lingons[2]. (Voir la carte de la Gaule, planche 2.) Les deux armées campèrent ainsi à une faible distance l’une de l’autre. Pendant les cinq jours qui suivirent, César fit sortir chaque jour ses troupes et les rangea en bataille à la tête du camp (pro castris suas copias produxit), sans pouvoir attirer les Germains au combat ; tout se bornait à des escarmouches de cavalerie, auxquelles ces derniers étaient fort exercés. À six mille cavaliers était adjoint un pareil nombre de fantassins d’élite, parmi lesquels chaque cavalier en avait choisi un chargé de veiller sur lui dans les combats. Selon les circonstances, les cavaliers se repliaient sur les hommes à pied ou ceux-ci se portaient à leur secours. Telle était leur agilité, qu’ils suivaient les chevaux à la course en s’attachant à la crinière[3].

César, voyant qu’Arioviste persistait à se renfermer dans son camp et à lui intercepter les communications, chercha à les rétablir, choisit une position avantageuse, à environ six cents pas (900 mètres) au delà de celle qu’occupaient les Germains, et y dirigea son armée rangée sur trois lignes. Il tint la première et la seconde sous les armes, et employa la troisième aux retranchements. L’emplacement sur lequel il

  1. Dion-Cassius (XXXVIII, xlviii) dit que la cavalerie germaine fit éprouver de grandes pertes aux Romains, et qu’alors seulement il fut possible à Arioviste de dépasser le camp de César.
  2. Il n’est pas sans intérêt de remarquer que les communications de César avec les Leuques et les Lingons restaient libres. On a vu dans son allocution de Besançon qu’il comptait demander à ces peuples une partie de ses approvisionnements.
  3. Tacite (Germanie, VI, xxxii) et Tite-Live (XLIV, xxvi) parlent de cette manière de combattre des Germains.