Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/115

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Combat sur l’Aisne.

III. Ces dispositions prises, laissant dans le camp les deux légions nouvellement levées, pour y servir de réserve au besoin, César mit les six autres en bataille, la droite appuyée aux retranchements. Les Belges firent également sortir leurs troupes et les déployèrent en face des Romains. Les deux armées s’observaient, chacune attendait pour attaquer avec avantage que l’autre passât les marais de la Miette. Cependant, tandis qu’elles demeuraient immobiles, la cavalerie se battait des deux côtés. Après une charge heureuse, César, voyant que l’ennemi persistait à ne pas s’engager dans les marécages, et ne voulant pas les traverser lui-même, fit rentrer ses légions. Aussitôt les Belges quittèrent leur position pour se porter vers l’Aisne, au-dessous du point où la Miette s’y déverse. Leur dessein était de franchir la rivière, entre Gernicourt et Pontavert, aux endroits guéables, avec une partie de leurs troupes, d’enlever, s’ils le pouvaient, la redoute commandée par le lieutenant Sabinus, et de couper le pont, ou au moins d’intercepter les convois de vivres et de ravager le pays des Rèmes, au sud de l’Aisne, d’où les Romains tiraient leurs approvisionnements.

Déjà les barbares s’approchaient de la rivière, lorsque Sabinus les aperçut des hauteurs de Berry-au-Bac[1] ; il fit aussitôt avertir César, qui, avec toute sa cavalerie, les Numides armés à la légère, les frondeurs, les archers, passa le pont, et, en descendant la rive gauche, marcha à la rencontre des ennemis vers l’endroit menacé. Lorsqu’il y arriva, quelques-uns avaient déjà traversé l’Aisne. Une lutte opiniâtre s’engage. Surpris au passage, les Belges éprouvent des pertes sensibles ; cependant ils s’avancent intrépidement sur les cadavres pour franchir la rivière,

  1. Guerre des Gaules, II, xii. — Sabinus commandait évidemment des deux côtés de la rivière.