Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/120

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et les Nerviens étaient réunis sur la rive droite[1]. (Voir planche 7.)

D’après les avis reçus, César envoya en reconnaissance des éclaireurs et des centurions chargés de choisir un endroit favorable pour l’assiette du camp. Un certain nombre de Belges récemment soumis et d’autres Gaulois le suivaient et faisaient route avec lui. Quelques-uns d’entre eux, comme on le sut plus tard par les prisonniers, ayant observé les jours précédents l’ordre de marche habituel de l’armée, passèrent, de nuit, chez les Nerviens, et leur rapportèrent qu’après chacune des légions il y avait une longue colonne de bagages ; que la légion arrivée la première au camp se trouvant séparée des autres par un grand espace, il serait aisé d’assaillir les soldats encore chargés de leurs fardeaux (sarcinæ) ; que, cette légion une fois culbutée et ses bagages enlevés, les autres n’oseraient pas opposer de résistance. Ce plan d’attaque fut d’autant mieux accueilli par les Belges, que la nature des lieux pouvait en favoriser l’exécution. Les Nerviens, en effet, de tout temps faibles en cavalerie (l’infanterie faisait toute leur force), avaient l’habitude, pour arrêter plus facilement la cavalerie des peuples voisins, d’entailler et de courber horizontalement de jeunes arbres dont les branches nombreuses, entrelacées, mêlées de ronces et de broussailles, formaient des haies épaisses, véritable muraille que rien ne pouvait traverser, impénétrable même à la vue[2]. Comme ce genre d’obstacles gênait beaucoup la marche de l’armée romaine, les Nerviens résolurent de se cacher dans les bois qui couvraient alors les

  1. Si César était arrivé sur la rive droite de la Sambre, comme plusieurs auteurs l’ont prétendu, il aurait déjà rencontré cette rivière à Landrecies, et n’aurait pas eu besoin d’apprendre, au troisième jour de marche, qu’il n’en était qu’à 15 kilomètres.
  2. Il n’est pas inutile de remarquer qu’aujourd’hui encore les champs qui avoisinent la Sambre sont entourés de haies à peu près semblables. Strabon (II, p. 161) fait aussi mention de ces haies.