Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/125

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et du sommet de la colline, avaient vu les Romains traverser la rivière en vainqueurs et étaient sortis dans l’espoir de piller, regardent en arrière ; apercevant les Nerviens dans le camp, ils se sauvent précipitamment. Le tumulte est encore augmenté par les cris d’effroi des conducteurs de bagages courant çà et là épouvantés. Il y avait dans l’armée romaine, parmi les auxiliaires, un corps de ces cavaliers trévires réputés chez les Gaulois pour leur valeur. Lorsqu’ils virent le camp envahi, les légions pressées et presque enveloppées, les valets, les cavaliers, les frondeurs, les Numides, séparés, dispersés, fuyant de tous côtés, ils crurent les affaires désespérées, prirent la route de leur pays, et publièrent partout la destruction de l’armée romaine.

De l’aile gauche, César s’était porté sur les autres points de la ligne. Arrivé à l’aile droite, il avait trouvé les 7e et 12e légions vivement engagées, les enseignes des cohortes de la 12e légion groupées sur le même point, les soldats serrés les uns contre les autres et s’embarrassant mutuellement, tous les centurions de la quatrième cohorte et le porte-drapeau tués ; le drapeau était perdu ; dans les autres cohortes, la plupart des centurions qui n’avaient pas péri étaient blessés, et parmi eux le primipile Sextius Baculus, homme d’une rare valeur, qui bientôt sauvera la légion de Galba dans le Valais. Les soldats qui résistaient encore étaient épuisés, et ceux des derniers rangs se débandaient pour se dérober aux traits ; de nouvelles troupes ennemies ne cessaient de gravir la colline, les unes s’avançant de front contre les Romains, les autres les débordant par les deux ailes. Dans cet extrême péril, César juge qu’il ne peut attendre de secours que de lui-même ; arrivé sans bouclier, il saisit celui d’un légionnaire des derniers rangs et s’élance à la première ligne ; puis, appelant les centurions par leurs noms, excitant les soldats, il entraîne la 12e légion en avant