Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/135

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Malgré les difficultés de cette guerre, César n’hésita pas à l’entreprendre. De graves motifs l’y engageaient : la violation du droit, des gens, la rébellion après la soumission, la coalition de tant de peuples ; avant tout, la crainte que l’impunité ne fût pour d’autres un encouragement. Si l’on en croit Strabon, César, aussi bien que les Vénètes, avait d’autres raisons de désirer cette guerre : d’un côté, ces derniers, en possession du commerce de la Bretagne, soupçonnaient déjà le dessein du général romain de passer dans cette île, et voulaient lui en ôter les moyens ; de l’autre, celui-ci ne pouvait tenter la dangereuse entreprise d’une descente en Angleterre qu’après avoir détruit la flotte des Vénètes, seuls maîtres de l’Océan[1].


Guerre contre les Vénètes.

II. Quoi qu’il en soit, afin de prévenir de nouveaux soulèvements, César divisa son armée de manière à occuper militairement le pays. Le lieutenant T. Labienus, à la tête d’une partie de la cavalerie, fut envoyé chez les Trévires, avec la mission de visiter les Rèmes et autres peuples de la Belgique, de les maintenir dans le devoir et de s’opposer à ce que les Germains, appelés, disait-on, par les Belges, franchissent le Rhin. P. Crassus fut chargé, avec douze cohortes légionnaires et un corps nombreux de cavalerie, de se rendre dans l’Aquitaine, afin d’empêcher les habitants de cette province de grossir les forces de l’insurrection. Le lieutenant Q. Titurius Sabinus fut détaché avec trois légions pour contenir les Unelles, les Curiosolites et les Lexoviens. Le jeune D. Brutus[2], venu de la Méditerranée avec des

  1. « Les Vénètes combattirent sur mer contre César ; ils avaient fait leurs dispositions pour l’empêcher de passer dans l’île de Bretagne, parce qu’ils étaient en possession du commerce de ce pays. » (Strabon, IV, p. 169, éd. Didot.)
  2. Il ne faut pas le confondre avec M. Junius Brutus, le meurtrier de César. Decimus Junius Brutus était fils adoptif de A. Postumius Albinus. (Voir Drumann, IV, 9, et Appendice D.)