Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/146

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défendu. Tandis que les barbares sont uniquement préoccupés de l’attaque principale, ces cohortes se précipitent dans le camp ; à la clameur qui s’élève, les assaillants, conduits par Crassus, redoublent d’efforts. Les barbares, enveloppés de toutes parts, perdent courage, s’élancent hors des retranchements et cherchent leur salut dans la fuite. La cavalerie les atteignit en rase campagne, et, de cinquante mille Aquitains ou Cantabres, un quart à peine lui échappa ; elle ne regagna le camp que fort avant dans la nuit.

À la nouvelle de cette victoire, la plus grande partie des peuples de l’Aquitaine[1] se rendirent à Crassus et lui envoyèrent spontanément des otages ; quelques-uns cependant, plus éloignés et comptant sur la saison avancée, ne voulurent pas faire leur soumission[2].


Marche contre les Morins et les Ménapiens.

VI. Vers le même temps César, malgré la fin prochaine de la belle saison, marcha contre les Morins et les Ménapiens, qui seuls, après l’entière pacification de la Gaule, restaient en armes et ne lui avaient pas envoyé de députés. Ces peuples n’avaient pas de villes ; ils demeuraient dans des cavernes[3] ou sous la tente[4]. Instruits par l’exemple de leurs voisins, ils se gardèrent de livrer des batailles rangées, et se retirèrent au milieu des bois et des marais. César, arrivé dans leur pays, fut surpris par eux au moment où il commençait à fortifier son camp. Il les rejeta dans les bois, non sans éprouver quelques pertes ; puis, pour se frayer un chemin spacieux dans la forêt devenue leur asile, il fit abattre les arbres qui se trouvaient entre lui et l’en-

  1. De ce nombre étaient les Tarbelles, les Bigerrions, les Ptianes, Vasates, Tarusates, Élusates, Gaites, Ausques, Garumniens, Sibuzates et Cocosates.
  2. Guerre des Gaules, III, xxvii.
  3. Pline, Histoire naturelle, III, x, 6.
  4. Dion-Cassius, XXXIX, xliv.