Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/145

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Enfin, leur nombre augmentant de jour en jour, il comprit que la bataille ne devait plus être différée. Le conseil assemblé fut de son avis, et le combat fixé au lendemain.

Au point du jour, les troupes romaines sortirent du camp et se formèrent sur deux lignes, avec les auxiliaires au centre ; dans cette position, elles attendirent les barbares. Ceux-ci, confiants dans leur nombre, pleins du souvenir de leur ancienne gloire, pensaient avoir facilement raison de la faible armée romaine. Ils trouvèrent cependant plus prudent d’obtenir, la victoire sans coup férir, persuadés qu’en interceptant les approvisionnements de Crassus ils le forceraient à la retraite et l’attaqueraient avec avantage dans les embarras de sa marche. Renfermés dans leur camp, ils le laissèrent donc ranger ses troupes et offrir la bataille. Mais cette temporisation calculée, qui avait toute l’apparence de la crainte, alluma, au contraire, l’ardeur des Romains : ils demandèrent à grands cris à marcher sans retard contre l’ennemi. Crassus cède à leur impatience et les conduit en avant. Les uns remplissent le fossé, les autres chassent par une grêle de traits les barbares debout sur le rempart. Les auxiliaires, sur lesquels on ne pouvait guère compter pour l’action, rendent néanmoins d’utiles services : ils passent les pierres et les traits, ou portent des mottes de gazon pour combler le fossé. Cependant l’ennemi résistait avec opiniâtreté, lorsque des cavaliers vinrent informer Crassus que, du côté de la porte Décumane, le camp n’était pas aussi bien fortifié et que l’accès en était facile[1]. Il recommande alors aux préfets de la cavalerie d’exciter l’ardeur de leurs soldats par l’espoir des récompenses, leur ordonne de prendre les cohortes qui, laissées à la garde du camp, n’avaient pas encore combattu, et de les mener par un long détour au lieu indiqué comme étant le moins

  1. Ce combat a cela de remarquable, que c’est le seul de toute la guerre des Gaules où les Romains attaquent un camp gaulois fortifié.