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Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/158

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(fibulæ), de sorte qu’ils ne pouvaient ni s’écarter ni se rapprocher l’un de l’autre, et présentaient, d’après les Commentaires, un ensemble d’une solidité si grande que la force de l’eau, loin de l’ébranler, en resserrait toutes les parties[1]. Ce système constituait une palée du pont ; on établit autant de palées que l’exigeait la largeur du fleuve. Le Rhin à Bonn ayant environ 430 mètres de largeur, le pont devait se composer de cinquante-six travées, en supposant chacune de celles-ci de 26 pieds romains (7m, 70) de longueur. Par conséquent les palées étaient au nombre de cinquante-quatre. Le tablier fut formé de longerons allant d’un chapeau à l’autre, sur lesquels on plaça, en travers, des longuerines qu’on recouvrit de claies. Outre cela, on enfonça obliquement, en aval de chaque palée, un pilot qui, placé en arc-boutant (pro ariete subjectæ), et relié avec elle, augmentait sa résistance contre le courant. D’autres pilots furent également enfoncés à peu de distance, en amont des palées, de manière à former des estacades, destinées à arrêter les troncs d’arbres et les bateaux que les barbares pourraient lancer afin de rompre le pont.

Ces travaux furent achevés en dix jours, y compris le temps employé au transport des matériaux. César fit passer le fleuve à son armée, laissa une forte garde à chaque extrémité du pont, et s’avança vers le territoire des Sicambres, en remontant, semble-t-il, les vallées de la Sieg

  1. La phrase suivante a donné lieu à diverses interprétations :

    « Hæc utraque, insuper bipedalibus trabibus immissis, quantum eorum tignorum junctura distabat, binis utrimque fibulis ab extrema parte distinebantur ; quibus disclusis atque in contrariam partem revinctis, tanta erat operis firmitudo atque ea rerum natura, ut, quo major vis aquæ se incitavisset hoc artius illigata tenerentur. » (Guerre des Gaules, IV, xvii).

    On n’a pas observé jusqu’ici que les mots hæc utraque se rapportent aux deux couples d’une palée et non aux deux pilots d’un même couple. En outre, les mots quibus disclusis, etc. se rapportent à ces mêmes deux couples et non, comme on l’a cru, à fibulis.