Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/165

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telligence que de profit[1]. Un siècle environ après César, les barques des Bretons consistaient en carènes d’osier recouvertes de cuir[2]. Les habitants de la Bretagne étaient moins ignorants dans l’art de la guerre que dans celui de la navigation. Protégés par de petits boucliers[3], armés de longues épées, qu’ils maniaient avec adresse, mais inutiles dès qu’on les attaquait corps à corps, ils ne combattaient jamais en masses : ils s’avançaient par faibles détachements qui s’appuyaient réciproquement[4]. Leur force principale résidait dans l’infanterie[5] ; ils employaient cependant un grand nombre de chars de guerre armés de faux[6]. Ils commençaient par les faire courir rapidement de tous côtés en lançant des traits, cherchant ainsi à jeter le désordre dans les rangs ennemis par la seule frayeur que causaient l’impétuosité des chevaux et le bruit des roues ; puis ils rentraient dans les intervalles de leur cavalerie, sautaient à terre et combattaient à pied mêlés aux cavaliers ; pendant ce temps, les conducteurs se retiraient peu à peu du théâtre de l’action et se plaçaient avec les chars de manière à recueillir au besoin les combattants[7]. Les Bretons réunissaient ainsi la mobilité du cavalier à la solidité du fantassin ; un exercice journalier les avait rendus si adroits, qu’ils maintenaient leurs chevaux en pleine course sur des pentes rapides, les modéraient ou les détournaient à volonté, couraient sur le timon, se tenaient sur le joug, et de là se reje-

  1. Diodore de Sicile, V, xxii.
  2. Pline, Histoire naturelle, IV, xxx, § 16.
  3. Tacite, Agricola, xxxvi.
  4. Guerre des Gaules, V, xvi.
  5. Tacite, Agricola, xii.
  6. Frontin, Stratagèmes, II, iii, 18. — Diodore de Sicile, V, xxi. — Strabon, IV, p. 200.
  7. Le récit de la page 189 confirme cette interprétation, qui est conforme à celle du général de Gœler.