Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/169

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

donné l’ordre à la cavalerie de se rendre, pour s’embarquer, au port supérieur (Ambleteuse) ; il atteignit la côte de Bretagne, à la quatrième heure du jour (dix heures du matin), en face des falaises de Douvres. La cavalerie, dont l’embarquement ne s’était fait qu’avec lenteur, n’avait pu le rejoindre.

De son vaisseau César aperçut les falaises couvertes d’hommes en armes. Dans cet endroit, la mer était tellement resserrée entre les collines qu’un trait lancé des hauteurs pouvait atteindre le rivage[1]. Cette description est conforme à celle que Q. Cicéron donnait à son frère, « des côtes sur-

  1. Le port de Douvres s’étendait jadis sur l’emplacement de la ville actuelle, entre les falaises qui bordent le débouché de la vallée de la Dour ou de Charlton. (Voir planche 17.) En effet, d’après les renseignements d’auteurs anciens et l’examen géologique du terrain, il paraît certain qu’autrefois la mer entrait dans les terres et formait une anse occupant la presque totalité de la vallée de Charlton. Ainsi se justifient les expressions de César : « Cujus loci hæc erat natura, atque ita montibus angustis mare continebatur, uti ex locis superioribus in littus telum adjici posset. » (IV, xxiii).

    Les preuves de l’assertion ci-dessus résultent de plusieurs faits relatés dans différentes notices sur la ville de Douvres. Il y est dit qu’en 1784 sir Thomas Hyde Page fit exécuter, à cent yards de la plage, un sondage pour découvrir la profondeur du bassin à une époque reculée ; il constata que l’ancien lit de la mer avait été autrefois à trente pieds anglais au-dessous du niveau actuel de la haute mer. En 1826, en creusant un puits à l’endroit appelé Dolphin Lane, on trouva, à une profondeur de vingt et un pieds, une couche de limon semblable à celui du port d’aujourd’hui, entremêlé d’ossements d’animaux et de débris de feuilles et de racines. Des détritus analogues ont été découverts dans plusieurs parties de la vallée. Un ancien chroniqueur, appelé Darell, raconté que « Willred, roi de Kent, bâtit en 700 l’église de Saint-Martin, dont les ruines sont encore visibles près de la place du Marché, sur les lieux où jadis les vaisseaux jetaient l’ancre. »

    La ville, bâtie sous les empereurs Adrien et Septime Sévère, occupait une partie du port, qui déjà avait été ensablé ; cependant la mer entrait encore assez avant dans les terres. (Voir planche 17.)

    Ce serait, semble-t-il, vers l’an 950 que l’ancien port aurait été comblé entièrement par des alluvions maritimes et fluviales accrues jusqu’à nos jours, et qui, à différentes époques, ont rendu nécessaire la construction de digues et de quais donnant au port sa forme actuelle.