Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/174

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mises à sec sur la grève, et les vaisseaux de transport, restés à l’ancre, cédant à la tempête, furent brisés sur la côte ou désemparés. La consternation devint générale ; tout manquait à la fois, et les moyens de transport et les matériaux pour réparer les navires, les vivres mêmes ; car César, ne comptant pas hiverner en Bretagne, n’avait pas fait d’approvisionnements.

Au moment de ce désastre, les chefs des Bretons étaient encore réunis pour satisfaire aux conditions imposées ; instruits de la position critique des Romains, jugeant de leur petit nombre par l’exiguïté de leur camp, d’autant plus resserré que les légions s’étaient embarquées sans bagages[1], ils se décidèrent à reprendre les armes. L’occasion leur parut favorable pour intercepter les vivres et prolonger la lutte jusqu’à l’hiver, dans la ferme conviction que, s’ils anéantissaient les envahisseurs et leur coupaient toute retraite, personne désormais n’oserait plus porter la guerre en Bretagne.

Une nouvelle ligue se forme. Les chefs barbares s’éloignent successivement du camp romain et rappellent en secret les hommes qu’ils avaient renvoyés. César ignorait encore leur dessein, mais leur retard à livrer le reste des otages et le désastre survenu à sa flotte lui firent bientôt prévoir ce qui arriverait. Il prit donc ses mesures pour parer à toutes les éventualités. Chaque jour les deux légions se rendaient à tour de rôle dans la campagne pour moissonner ; on réparait la flotte avec le bois et le cuivre des navires qui avaient le plus souffert, et on faisait venir du continent les matériaux nécessaires. Grâce au zèle extrême des soldats, tous les vaisseaux furent remis à flot, excepté douze, ce qui réduisit la flotte à soixante-huit

  1. « César lui-même n’avait emmené que trois serviteurs, ainsi que le raconte Cotta, qui fut son lieutenant. » (Athénée, Banquet, vi, 105.)