Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/175

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bâtiments au lieu de quatre-vingt qu’elle comptait au départ.

Pendant l’exécution de ces travaux, les Bretons venaient et allaient librement dans le camp, rien ne présageait de prochaines hostilités ; mais un jour que la 7e légion, selon la coutume, s’était rendue non loin du camp pour couper du blé, les soldats de garde devant les portes vinrent tout à coup annoncer qu’une épaisse poussière s’élevait du côté où la légion s’était acheminée. César, soupçonnant quelque tentative des barbares, rassemble les cohortes de garde, ordonne à deux autres de les remplacer, au reste des troupes de prendre les armes et de le suivre sans retard, et se porte en toute hâte dans la direction indiquée. Voici ce qui s’était passé. Les Bretons, dans la prévision que les Romains se rendraient au seul endroit qui restât à moissonner (pars una erat reliqua), s’étaient cachés la nuit dans les forêts. Après avoir attendu que les soldats eussent déposé les armes et commencé à couper le grain, ils étaient tombés sur eux à l’improviste, avaient tué quelques hommes, et, pendant que les légionnaires en désordre se reformaient, les avaient entourés avec la cavalerie et les chars.

Cette étrange manière de combattre avait déconcerté les soldats de la 7e légion. Enveloppés de près, ne résistant qu’avec peine sous une grêle de traits, ils allaient succomber peut-être, lorsque César parut à la tête de ses cohortes : sa présence rassura les siens et contint l’ennemi. Toutefois il ne crut pas devoir engager un combat, et, après être resté un certain temps en position, il fit rentrer ses troupes. La 7e légion avait éprouvé de grandes pertes[1]. Des pluies continuelles rendirent, pendant quelques jours, toute opération impossible ; mais ensuite les barbares, croyant le moment

  1. Dion-Cassius, XXXIX, liii.