Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/179

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Pour procéder logiquement, supposons l’absence de toute espèce de données. Le seul moyen d’approcher de la vérité serait alors d’adopter comme lieu d’embarquement de César le port le plus anciennement mentionné par les historiens, car, selon toute probabilité, le point de la côte rendu célèbre par les premières expéditions de Bretagne aura été choisi de préférence pour les traversées ultérieures. Or, déjà sous Auguste, Agrippa fit construire une voie qui allait de Lyon à l’Océan à travers le pays des Bellovaques et des Ambiens[2] et devait aboutir à Gesoriacum (Boulogne), puisque l’Itinéraire d’Antonin la trace ainsi[3]. C’est à Boulogne que Caligula fit élever un phare[4], et que Claude s’embarqua pour la Bretagne[5]. C’est de là que mirent à la voile Lupicinus, sous l’empereur Julien[6], Theodosius, sous

  1. Cette opinion a déjà été soutenue par de savants archéologues. Je citerai surtout M. Mariette, M. Thomas Lewin, qui a écrit un récit très-intéressant des invasions de César en Angleterre, et enfin M. l’abbé Haigneré, archiviste de Boulogne, qui a recueilli les meilleurs documents sur cette question.
  2. Strabon, IV, vi, p. 173.
  3. D’après l’Itinéraire d’Antonin, la route partait de Bagacum (Bavay) et passait par Pons Scaldis (Escaut-Pont), Turnacum (Tournay), Viroviacum (Werwick), Castellum (Montcassel, Cassel), Tarvenna (Thérouanne) et, de là, à Gesoriacum (Boulogne). D’après M. Mariette, des médailles trouvées sur la voie ont démontré qu’elle avait été faite du temps d’Agrippa ; de plus, d’après le même Itinéraire d’Antonin, une voie romaine partait de Bavay et, par Tongres, aboutissait au Rhin, à Bonn (Voyez Jahrbücher des Vereins von Alterthumsfreunden. Heft xxxvii. Bonn, 1864.) Or, en admettant qu’il y ait eu déjà sous Auguste une route qui réunissait Boulogne à Bonn, on comprend l’expression de Florus qui explique que Drusus améliora cette route en faisant construire des ponts sur les nombreux cours d’eau qu’elle traversait, Bonnam et Gesoriacum pontibus junxit. (Florus, IV, xii).
  4. Suétone, Caligula, xlvi. Les restes du phare de Caligula étaient encore visibles il y a un siècle.
  5. Suétone, Claude, xvii.
  6. Ammien Marcellin, XX, i.