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Marche dans l’intérieur du pays.

III. Le débarquement opéré, César établit son camp dans une bonne position, à proximité de la mer[1]. La flotte restée à l’ancre près de la côte, sur une plage unie et sans écueils, sous le commandement d’Atrius, ne lui inspirait aucune inquiétude[2]. Dès qu’il sut où se trouvait l’ennemi il se mit en marche à la troisième veille (minuit), ayant laissé dix cohortes[3] et trois cents cavaliers pour garder la flotte. Après avoir parcouru pendant la nuit environ douze milles, les Romains aperçurent au point du jour les barbares, postés sur les hauteurs de Kingston, au delà d’un cours d’eau appelé aujourd’hui la Petite-Stour[4]. Ceux-ci

  1. Cela nous paraît évident, puisque nous verrons plus tard César enfermer sa flotte dans les retranchements contigus à son camp.
  2. Comme dans la première expédition le désastre arrivé à la flotte avait dû prouver à César le danger auquel les vaisseaux étaient exposés sur la côte, la réflexion ci-dessus indique que, lors de sa seconde expédition, il choisit un meilleur mouillage, à quelques kilomètres plus au nord.
  3. Dix cohortes formaient une légion ; mais César n’emploie pas cette dernière expression, parce qu’il tira sans doute de chacune de ses cinq légions deux cohortes, qu’il laissa à la garde du camp. De cette manière, il conservait le nombre tactique de cinq légions, ce qui était plus avantageux, et faisait participer chaque légion à l’honneur de combattre.
  4. Si des bords de la mer, près de Deal, où nous supposons que les Romains établirent leur camp, on décrit, avec un rayon de douze milles, un arc de cercle, on coupe vers l’ouest, aux villages de Kingston et de Barham (Voir planche 16), et, plus au nord, au village de Littlebourn, un ruisseau, nommé la Petite-Stour, qui prend sa source près de Lyminge, coule du sud au nord à travers un pays assez accidenté, et se jette dans la Grande-Stour. Ce ruisseau est incontestablement le flumen des Commentaires. L’erreur est d’autant moins permise qu’on ne trouve aucun autre cours d’eau dans la partie du comté de Kent comprise entre la côte de Deal et la Grande-Stour, et que cette dernière coule trop loin de Deal pour répondre au texte. Bien que la Petite-Stour n’ait pas, entre Barham et Kingston, plus de trois à quatre mètres de largeur, on ne doit pas s’étonner de la dénomination de flumen que lui donne César, car il emploie la même expression pour désigner de simples ruisseaux, tels que l’Ose et l’Oserain (Guerre des Gaules, VII, lxix, Alesia).

    Mais César arriva-t-il sur la Petite-Stour vers Barham et Kingston ou vers Littlebourn ? Le doute est permis. Nous croyons cependant que le pays de